La semaine qui vient de s'écouler était une semaine gris anthracite. Il y avait bien sûr moyen de faire plus noir mais personne n'est mort ni malade, donc la vie est belle. Mais Dieu, qu'elle était lourde de nuages, de larmes et de colère !
Mardi: Ma chef rentre après trois semaines de vacances et pense retrouver une table rase de problèmes et de soucis. Comment pouvait-elle ne pas imaginer que dans les ressources humaines, le mois d'août étant effectivement et traditionnellement oisif dans les autres départements, les problèmes et les questions ne s'arrêtent pas pendant les vacances ? Elle est revenue et sa première question a été: "C'est toujours le même chaos après les vacances ?" avec un tel découragement mêlé de reproche que j'ai entendu "Mais qu'est-ce que tu as fichu pendant mes vacances ?". Bien sûr, elle n'a pas noté que les problèmes à résoudre n'étaient plus ceux qu'elle m'avait transmis avant de partir mais bien de nouveaux, tout frais tout neufs. Et pour la première fois depuis bien longtemps, j'ai eu envie de tout planter là et de rentrer chez moi.
Mercredi: Anaïs est rentrée de Malaga et s'est rendue directement à l'école chercher ses points de deuxième session. Les semaines d'étude intensive pendant l'été ont porté leurs fruits, parfois même avec brio comme en comptabilité ou en droit, mais l'échec cuisant en statistiques aura eu raison de son passage en deuxième. Elle me l'annonce en pleurs au téléphone et je suis à la fois triste et déçue pour elle. Je l'envoie se renseigner pour la suite à donner puisqu'en principe elle ne peut, sauf dérogation, poursuivre des études supérieures. En Belgique, l'école peut refuser l'inscription d'un étudiant qui a raté trois premières années consécutives. Entretemps, je compare ses points de juin et je me rends compte qu'il y a quelque chose qui cloche. Je la rappelle, persuadée que l'école a fait une erreur de calcul mais le temps qu'elle me réponde, l'idée m'effleure qu'elle m'a peut-être à nouveau menti en juin et qu'elle a gonflé ses points pour ne pas nous décevoir encore plus. Son silence à l'autre bout du fil puis son aveu me confirment mon pressentiment. Et d'un seul coup la colère éclate et explose comme un volcan. Je n'ai plus décoléré pendant deux jours, je ne voulais plus qu'on me parle d'elle, les collègues bienveillantes s'enquérant des résultats n'ont pas compris ma réaction démesurée, moi qu'ils encensent pour mon calme olympien (face à l'autre furie notamment). Mais ma colère a sans doute été salutaire pour mon enfant-caramel mou, gentille comme un coeur, molle et avachie dans ses études et collée à son noyau familial comme une mouchette engluée dans les fils de la toile tendrement tissée par sa mère. Bon, il y aurait de quoi écrire un long billet sur le sujet mais ce sera pour une autre fois.
Le mercredi après-midi, j'ai dû reprendre mes esprits et prononcer le discours d'adieu à Samy, le petit chouchou de mon équipe, adoré de tous, que d'autres aventures professionnelles appellent à… Taïwan. J'ai fait de mon mieux, le coeur serré tout à la fois de tristesse, de stress (sa cote de popularité au boulot étant telle qu'au lieu d'une petite équipe c'est devant une centaine de personnes que j'ai dû prononcer mon petit speech, moi qui déteste parler en public) et de colère rentrée.
Jeudi: La colère déversée à grands cris et grands pleurs le soir précédent a accentué considérablement mon état grippal qui menaçait les jours précédents (yeux de grenouille, gorge en feu, nez bouché, tête dans un étau). J'ai passé la journée dans un état comateux et les critiques distillées de ma chef n'ont rien arrangé. En fin de journée, un collègue contrarié par une décision que j'avais prise et qui l'agréait peu, m'a agressée verbalement pour exprimer son mécontentement. Je le connais et je l'adore. Je sais qu'il est parfaitement incapable d'exprimer sa rogne autrement que sur le mode "orage" et que ce n'est jamais dirigé contre moi. Mais là, je n'avais plus la distance nécessaire. Nous étions en public, j'ai senti les larmes monter et je l'ai prévenu qu'il fallait arrêter tout de suite, sinon…. Bien sûr, on n'arrête pas un Grec remonté. Bien sûr, j'ai fondu en larmes et j'ai quitté la cafeteria. Bien sûr, il m'a suivie, confus, consterné et contrit, et s'est confondu en excuses. Mais c'était la goutte qui a fait déborder la coupe trop pleine.
Heureusement, dans cette semaine grise, trois éclaircies ont illuminé mon horizon: les retrouvailles avec Jaume et Meri, la première rencontre avec Delphine, très (trop) rapide mais très intense et les livres de Coumarine arrivés ce vendredi dans ma boîte aux lettres.
J'attends de la semaine qui vient des conditions "Rainbow" !

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