Elle veut ouvrir un salon de thé. Je dois avoir laissé échapper un de mes plus profonds désirs, gros comme un soupir, à un moment donné pendant les neuf mois où nous avons cohabité. Et le soupir s'est glissé dans ses veines.
On ne sait plus trop pourquoi elle s'est embarquée pendant deux ans dans des études de psycho mais une chose est sûre, elle a plus d'affinités pour les Lacanche que pour Lacan. Après deux mois d'été de valses-hésitations, elle s'est enfin décidée à suivre un chemin plus proche de son désir. Voilà notre Anaïs en route pour la gestion hôtelière. Elle a l'air enthousiaste mais nous, échaudés, on attend un peu avant de se réjouir. Enfin, surtout son père. Parce que moi, mon optimisme naturel reprend tout de suite les rênes et je me réjouis avec elle du petit tailleur noir qu'elle doit acheter, tout comme le tablier, la toque, la charlotte, les couteaux grand chef, e tutti quanti sur la liste des fournitures scolaires pour ses cours. Je joue avec elle au jeu des définitions culinaires, appareil, glaçage, vanner, tout ce vocabulaire n'a plus beaucoup de secrets pour moi mais j'ai encore quelques petites surprises. Et j'attend avec impatience la suite de ses aventures.
J'espère que cette fois-ci elle va mordre dans la pomme (au four) et que ces études seront vraiment sa tasse de thé.

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