Catégorie : Home sweet home

  • Une sainte horreur des adieux

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    Je dois l'avoir déjà consigné par ici, j'ai une sainte horreur des adieux. Je peux m'en rendre malade. Le simple fait de quitter un lieu de vacances que l'on a investi pendant 3 semaines et que j'imagine ne probablement plus jamais revoir me fait monter les larmes aux yeux. C'est en fait aux merveilleux moments que j'y ai passés que je dis adieu, je le sais bien mais ça ne change rien à l'affaire.

    Quitter la maison que nous avons habitée pendant 4 ans en Italie m'a arraché des sanglots indécents, assise par terre dans ma cuisine – plus une chaise, tout était dans le camion de déménagement, qui me narguait en bas de la maison – , complètement dévastée à l'idée de quitter cet endroit. Je crois bien, honte à moi, avoir pleuré là plus de larmes que je n'en ai versé aux différents enterrements auxquels j'ai assisté. Même de mes aimés. Mais c'est vrai qu'aux enterrements, je reste digne….. 

    Alors en ce mois de novembre bien gris, j'ai dit adieu cette semaine à un arbre. Celui qui domine de toute sa majesté la maison-jardin, celle qui a vu naître mon père, grandir mes soeurs et moi, jouer nos enfants et jusqu'à aujourd'hui mes petits enfants. Il s'est creusé dangereusement à la base, mangé par un vilain champignon et la mort dans l'âme, j'ai accepté qu'on l'abatte avant qu'il ne s'en charge tout seul sur la maison des voisins. J'ai même fait appel à une "docteur des arbres", qui se dit "pour l'acharnement thérapeutique" mais même elle a signé son arrêt de mort. J'ai quitté la maison-jardin en pleurant en lui jetant un dernier regard.

    Et ce mois aussi, maudit soit-il, je vais faire mes adieux à l'appartement qui a abrité notre amour à ses débuts, mon premier chez-moi, mon premier nid, où j'ai couvé trois petits, où j'ai vécu dix ans de bonheur absolu avant de partir pour l'Italie, en abandonnant l'appartement à ma soeur. Il a finalement été décidé de le vendre. Mais fermer une porte en sachant qu'on peut y retourner, même quelques instants, c'est très différent de fermer la porte pour toujours.

  • Amours, amitiés, santé, petits plaisirs

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    Samedi: Les valises sont défaites, les machines ont presque fini de tourner, y'aura plus qu'à repasser. Je savais le vendredi soir que dès que nous aurions passé le seuil de la maison, le rythme reprendrait sa course folle. Ce matin, à la première heure, rendez-vous chez le coiffeur pour remettre un peu d'ordre dans la couleur de mes cheveux, rendre visite à ma belle-mère et remplir le frigo pour accueillir la tribu demain. Retrouver Maïté et les filles chez nous, impatientes de nous revoir. Anaïs et sa troupe nous rejoignent avec l'intention programmée de nous laisser Samuel et Amalia pour leur permettre de participer à une course de 10 km le lendemain matin. Finalement seul Simon participera et Anaïs conduira Jules à un anniversaire à …. 8 heures du mat'. Nouvelle mode. Au final, Sappho et Lémoni demandent à pouvoir rester dormir aussi. Amalia s'est endormie avant que ses parents ne partent et ne s'est rendu compte de la supercherie que le lendemain matin et m'a bien fait comprendre qu'elle appréciait peu ce genre de procédé. Tout dans les yeux. Mais au moins elle ne pleure pas. Puis elle a fait contre mauvaise fortune bon coeur et a accepté de me parler, toujours avec les yeux. 

    Dimanche: On s'est tous retrouvés pour fêter les 67 ans de l'Homme/papa/nonno. Il était heureux. Et moi aussi. Ils étaient même là très tôt parce que Simon court vraiment très vite. Et que les autres étaient pressés d'arriver aussi. On a passé un bon moment, les petits avec les petits, les grands avec les grands et les petits avec les grands. On a profité de la présence de tout le monde pour valider un projet de weekend tous ensemble dans les Ardennes en novembre pour fêter nos 40 ans.

    Lundi: Petit marathon de plaisirs divers et variés: Lunch à midi avec M., pas très en forme. Maman en convalescence en Italie, où elle habite, après une vilaine chute et compagnon en dépression après un double pontage. Stressée par le boulot, bref, pas joyeux tout ça. Mais contentes de se voir. Je file chez l'esthéticienne puis je cours – pas trop – chez l'orthopédiste pour recevoir une infiltration dans le deuxième genou. Les résultats obtenus pour le premier genou étaient suffisamment concluants pour tenter le deuxième. Et comme cette fois, je sais que ça ne fait absolument pas mal, je suis plus détendue. Entre tous ces rendez-vous, il y a chaque fois 45-50 minutes de métro ou de bus et j'en profite pour me plonger dans un bouquin, autre petit moment de plaisir. L'homme vient me chercher pour terminer la journée autour d'un plat de pâtes chez J et S. Eux non plus ne sont pas en grande forme mais ça passera.

    Mardi: Je retrouve Quentin à la salle de sport mais je ne le vois que quelques minutes. Je suis venue plus tôt que prévu parce que je devais être à la maison à midi et il a un autre client que sa maman préférée à cette heure-là. Mais je suis contente de retourner à la salle après un peu plus de deux semaines d'absence. Je rentre retrouver mes filles qui sont venues télétravailler et Katia qui nous fait une belle séance de manucure et pédicure à tous. Entre deux réunions, mes deux Disneyphiles se montent l'une l'autre un projet de séjour à Disneyland après l'été, alors qu'elles s'étaient juré d'attendre 2025. Mais c'est parti, nous voilà sur un nouveau séjour, mais en appartement cette fois, pour éviter les repasbondutout ou les salades passées en catimini dans les chambres d"hôtel. Et avec Maoh cette fois. 

    Mercredi: Le matin, je retrouve Andrea pour un café – déjà un an depuis le dernier – qui s'éternise jusqu'à midi. Il prépare sa retraite, me raconte son voyage en Inde, sa pratique du yoga, sa maman et le temps file. De là, je rejoins B et Z pour un lunch. Elles me racontent les potins du bureau, leurs enfants qui grandissent et leurs vies de maman. Elles sont belles. Je rentre, le temps de me laver les dents et nous voilà partis chez le dentiste. Il est bavard comme un pinson et on passe plus de temps à l'écouter, la bouche ouverte – nous, pas lui – qu'à se faire détartrer. Puis je rejoins Sis'Cile chez maman et on ouvre le champagne pour son anniversaire. 

    Jeudi: Je pars pour la salle mais c'était sans compter un incident dans le métro et j'ai dû marcher plus d'une demi-heure avec une paire de baskets neuves qui n'avaient pas l'intention de marcher si longtemps au départ. Non seulement, je suis arrivée trop en retard pour que Quentin ait le temps de s'occuper de moi, mais de toute façon, j'étais trop fatiguée et cerise sur l'orteil, je me suis bien blessée au pied. Retour à la maison, en mode grognon. Mais j'ai convaincu l'Homme d'aller au cinéma l'après-midi, un truc qu'on ne fait jamais. Nous sommes allés voir "C'è ancora domani" et c'était un très très bon moment.

    Vendredi: Quentin m'a proposé de venir le lendemain mais très tôt. J'ai pris mon courage à deux mains et me suis levée alors qu'il faisait encore un peu noir. Je suis rentrée et repartie retrouver J pour une expo sur les Surréalistes. C'est fou comme une expo à Bruxelles est nettement moins mise en valeur qu'à Venise. Ou alors suis-je de parti pris ? 

    Amours, amitiés, santé, petits plaisirs, les perles du collier de ma vie…..

  • La reprise en octobre

     

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    Lundi: Après avoir passé une nuit à l'hôtel "Swiss Sis", toujours aussi bien tenu, on a repris la route. Dernière ligne droite avant la fin de ces merveilleuses vacances et une rentrée sur les chapeaux de roue. Le fait de faire tout ce trajet en voiture a un effet quelque peu thérapeutique. On métabolise tout le bonheur engrangé et on prend des forces mentales pour les semaines chargées à venir. Au fil de la remontée vers le nord, le paysage change graduellement, le temps aussi – bien que quelque peu cette fois -, et on enfile mentalement nos tenues de parents, grands-parents, enfants, amis, gestionnaires de 1001 détails. Sur la route, Maïté nous invite à venir manger chez eux et nous acceptons, contents de les revoir eux et les filles. 

    Mardi: Prise de sang à la première heure. Retour à la maison pour un petit café et je prends mon courage à deux mains pour rejoindre mon coach de fils à la salle de sport. Je lui ai promis qu'au retour de vacances, je me reprendrais moi aussi en main. A ma grande surprise, je ne suis pas aussi découragée que je ne le craignais et je me surprends même à aimer courir sur un tapis qui ne mène nulle part. L'Homme vient me chercher et on file remplir le frigo avant mon rendez-vous chez la kiné pour une nouvelle série de séances de mobilisation du doigt. Et on finit la journée par un concert du dernier survivant du Buenavista Social Club, Eliades Ochoa. Pur plaisir.  Si ça, c'est pas une reprise d'enfer…..

    Mercredi: Katia venait à la maison pour la séance mensuelle de manucure pédicure. On devait être trois, l'Homme, Maïté et moi. On s'est retrouvés à 11. Quentin, Kerya et Maoh ont débarqué dès le  matin. Quentin est allé chercher Jules et Sam à l'école parce que les grands-parents bis étaient partis plus tôt que prévu en vacances. Du coup Sappho nous a rejoints après la piscine. Et comme Amalia avait de la température, Anaïs est venue avec elle dès le matin, rejoindre la troupe des télétravailleuses aux mains et pieds soignés. Swiss Sis avait débarqué le matin même à Bruxelles pour une formation de trois jours et je lui avais proposé de passer à la maison entre la fin de la formation et le dîner organisé à deux pas de chez nous. Elle pensait se poser dans un endroit un peu calme, c'était pas tout à fait ce qu'elle avait imaginé mais en même temps, voir le temps d'une petite heure cette petite troupe remuante ne devrait pas lui avoir déplu.

    Jeudi: Nouvelles séances avec Quentin et avec la kiné. Journée plus calme en apparence. J'en profite pour repasser la montagne de linge post-vacances. 

    Vendredi: C'est au tour de ma belle-soeur de partir en vacances. L'Homme la conduit elle, le chien et des bagages pour 3 mois à la mer. Il s'occupera de sa maman pendant les deux semaines qui viennent. Matin, midi et soir. Mais c'est moi qui, après les rendez-vous esthéticienne et coiffeur (faut ce qu'il faut), ouvre le feu ce soir puisqu'il ne sera pas de retour. Je reste auprès d'elle une petite heure puis rejoint maman, Swiss Sis et Sis'Cile pour un repas un peu festif avant le retour de Swiss Sis vers son Vaud et son mari.

    Samedi: Quentin, Kerya et Maoh ont fait quelques courses en ville et sont venus déjeuner. Plus tard dans l'après-midi, Maïté et JD sont passés avec les filles. Ces moments que j'aime. Le soir, l'Homme a ramenés les premiers avant de filer chez sa maman et moi je suis partie retrouver la mienne pour un concert de musique baroque.

    Dimanche: J'ai accompagné l'Homme pour le petit déjeuner de sa maman, puis nous avons été prendre un cappuccino chez J et S avant de rejoindre tout le clan chez Anaïs et Simon qui nous invitaient pour un brunch. Rien que du bonheur. Quentin a remplacé son père chez Mamy le midi, histoire de le laisser souffler un peu. 

    Et voilà comment cette première semaine a filé. Dans un tourbillon dont, pour rien au monde, je ne me plaindrais.

     

  • Attaquer Mars

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    Mercredi: Petit moment manucure-pédicure-vernis avec les filles, l'une en télétravail, l'autre en congé de maternité. Sappho, Jules et Sam Sam  sont venus aussi puisque les écoles étaient en congé. Enfin pour Sam Sam, c'était une semaine de congé transition entre la crèche et l'école. Puis j'ai emmené les deux aînés chez le coiffeur, ils ont adoré ça. Non seulement aller chez le coiffeur mais surtout y aller à deux. Ils se tenaient la main au bac à shampooing et souriaient béatement. Ils ont dormi tous les trois à la maison et c'était bien.

    Jeudi: Journée avec les mêmes. Ils ont joué toute la journée sans s'ennuyer un seul moment, Jules et Sappho ensemble, Sam Sam tout seul. Et même si c'est difficile à croire, il n'y a pas eu un seul moment de dispute. On a même eu des scrupules à interrompre leurs jeux pour les emmener voir Manneken-Pis et sa soeur Jeanneke-Pis, moins connue, et à vrai dire, moins élégante. Et terminer la promenade glaciale par une bonne gaufre de Bruxelles. 

    Vendredi: Départ tranquille pour Rotterdam dans cette voiture flambant neuve qui vient d'arriver. Chambre d'hôtel au 20 ème étage avec une vue à couper le souffle et même à donner un peu le vertige. Concert de Dalaras le soir, juste tellement bien. Tant qu'il pourra encore donner des concerts, j'irai le voir. Ma fibre hellène vibre sans faiblir depuis tant d'années quand je l'entends et surtout surtout quand je l'entends en public alors que tous ses fans chantent à l'unisson. C'est un plaisir inégalé depuis 40 ans que je le connais.

    Samedi: Touristes dans une Rotterdam glaciale et bruineuse. On a marché pendant des heures sans toutefois jamais s'ennuyer. Entre le vieux port, les parcs, la rue Witte de With, les drôles de maisons cubiques, le Markthal, explosion de couleurs et de parfums et tant d'autres chemins de traverse. On a grignoté quelques marrons chauds puis on est rentré frigorifiés se réchauffer au bar autour d'un ou deux cocktails.

    Dimanche: On a repris la route en passant par les moulins à vent de Kinderdijk et on est rentrés en passant par les cases belle-mère et supermarché. Puis on a passé le restant de la journée à cuisiner ensemble en réécoutant Dalaras et en trinquant au bonheur d'être là tous les deux.

    Lundi: Sam Sam est donc rentré à l'école et ces moments-là m'émeuvent toujours. Pendant ce temps, nous, on a rangé ensemble un meuble, vidé, lavé ce qui pouvait l'être, fait le tri de ce qu'on ne gardait plus, et réorganiser intelligemment. On a retrouvé des trésors, des objets qu'on pensait perdus, des trucs démodés, et il a ciré le meuble. J'adore  ce type de journée.

    Mardi: Petit soin visage le matin. L'esthéticienne me propose un soin régénérant. En gros, elle me perce la peau du visage avec de toutes petites aiguilles pour agresser la peau et l'obliger à se régénérer. J'accepte avant de connaitre le processus, puis subst. Elle y est allée assez fort et je le sens passer. Je regrette de ne pas avoir demandé un soin doux et gentil comme d'habitude s'il vous plait, merci. Je sors de là rouge pivoine comme si j'avais abusé du premier soleil de printemps sans protection. A mon retour, l'Homme s'effraie de mon teint et me demande si c'est normal d'être plus moche après qu'avant un soin visage. Je crois que c'était la première et dernière fois.

    Mercredi: Ma peau se régénère donc. Je passe le mercredi seule et ça me va aussi. Je continue les rangements, je cuisine, je télécharge du Dalaras à la pelle, je repasse, je suis bien. En fin d'après-midi, je rejoins Maman et Sis'Cile comme tous les mercredis. Au moment de partir, le beau-frère de Maman l'appelle pour dire que sa soeur, ma marraine, est au plus mal et qu'il faut envisager de venir lui dire au revoir. On sait qu'elle se bat "contre une vilaine maladie" mais Maman l'appelle tous les jours et elle n'avait pas cette impression, ces derniers jours. Il est vrai qu'elle n'arrive plus à s'alimenter cette dernière semaine. L'Homme, venu nous chercher, ne tergiverse pas et nous enjoint à sauter dans sa voiture et nous voilà partis à 150 km de là. Arrivés vers 21h30, on ne peut que constater qu'elle est dans un état de faiblesse immense. Elle refuse de voir un médecin autre que son médecin traitant, malheureusement parti skier. On parvient finalement à la convaincre de se rendre à l'hôpital le lendemain matin.  Le Covid a frappé et pour quelqu'un dont le système immunitaire est au plus bas, c'est un coup sérieux. Elle va donc rester hospitalisée le temps nécessaire à guérir et reprendre des forces. On y croit.

     

  • Comme de jeunes mariés

     

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    Ça y est, nous voilà tous les deux démobilisés. On aurait pu s'attendre à une nouvelle lune de miel. Mais c'est mal nous connaître. Pourtant oui, cela ressemble étrangement à nos premiers jours de vie commune. Une période de perturbations atmosphériques assez remuantes. Une perturbation atmosphérique est "une interruption de l'équilibre local de l'atmosphère qui conduit à la formation de nuages et de précipitations".C'est tout à fait ça. C'était le cas, il y a bientôt 40 ans, c'est le cas aujourd'hui. 

    On se retrouve presque 24 heures sur 24 ensemble. Là n'est pas le problème. Quand on partait en vacances, rien qu'à nous deux, ces dernières années, on était aussi jour et nuit ensemble et cela nous convenait très bien. En vacances, on est plutôt d'accord sur le programme du jour, l'expo à visiter, le resto où réjouir nos papilles. Mais là, contrairement à ce que d'aucuns pensent, nous ne sommes pas en vacances. Et se mettre d'accord sur le programme du jour relève d'une dynamique bien différente. 

    Le soir où je suis rentrée du bureau pour la toute dernière fois, chargée d'émotions comme un gros cumulonimbus, je n'avais pas envie que l'Homme décide pour nous du programme du lendemain et encore moins envie du programme décidé, à savoir partir à la chasse à la nouvelle voiture ! Bien sûr, il était terriblement stressé à l'idée que la voiture commandée il y a 13 mois était loin de débarquer. Le concessionnaire nous la promettait pour "aujourd'hui peut-être ou alors demain…" ou plus prosaïquement " le 16 mars ou alors peut-être mi-avril" ou aux calendes grecques. Bien sûr, il fallait trouver une solution, la voiture en titre montre des signes de faiblesse et devrait aussi pouvoir prendre une retraite bien méritée. Bien sûr, il m'attendait pour prendre  ce genre de décision. Mais de là, à m'emmener dès le lendemain matin en car hunting, beuh, ça ne m'a pas mise de très bonne humeur, déjà que j'avais des yeux de grenouille, j'ai poussé des "quoi !?" de crapaud. Mais bien sûr, je me suis laissée faire.

    Ces car-acolades ont duré quelques jours et ce n'est que le lundi que j'ai enfin pu me sentir un peu plus relax. Il est parti une bonne partie de la journée et je suis restée seule à la maison, musique à fond et j'ai cuisiné. Détente absolue. J'avais enfin l'impression d'avoir du temps pour moi. 

    Le lendemain, on démonte enfin le sapin de Noël (oui, c'est bon, c'est pas encore Pâques, donc ça va, non ?) et tout se passe bien, en musique et dans la bonne humeur. Ça nous prend une bonne partie de la journée mais on travaille en équipe et tout est fluide. On range tout dans le réduit sous l'escalier et on en sort une caisse qu'on n'a plus utilisée depuis quelques années. Je sais qu'elle contient des guirlandes assez démodées, des circuits de lampes et du papier de soie. Mais je décide de l'ouvrir plus tard pour faire le tri.

    Aujourd'hui, Maïté passe à la maison et comme j'y pense, je lui propose pour l'école de Sappho les guirlandes démodées. J'ouvre la boîte, elle les voit et les adopte pour son prochain Noël. Restent les circuits et les papiers de soie. Et c'est là que ça se corse. Déjà bien énervé par l'assemblée générale des co-propriétaires du matin, il râle de mon idée subite et de l'ouverture de la boîte. Il décrète que les circuits sont à jeter et le papier de soie à garder. Il a à peine le dos tourné que je ramène les circuits vers le réduit sous l'escalier, parce que peut-être, je vais les tester et s'ils fonctionnent, ce serait sympa à la maison-jardin, dans le grenier, pour les petits. Alors que le papier de soie, franchement, on en a déjà plus qu'assez. 

    C'était sans compter son passage impromptu sous l'escalier et sa voix de barytonton Donald "Est ce que je peux savoir pourquoi tu as remis les circuits sous l'escalier, j'ai dit qu'il fallait les jeter !". Et que bien évidemment, je me suis énervée et j'ai violemment jeté les circuits à la poubelle.

    On se croirait vraiment revenus 40 ans en arrière. Malheureusement, les réconciliations seront plus chastes :-).

  • Le tourbillon de décembre

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    On devait aller déjeuner le jeudi, j'avais reporté sans bonne raison (trois déjeuners sur la semaine c'est trop pour ma ligne courbe), il est mort le mardi matin juste après minuit. C'était mon collègue le plus sympa, le plus drôle, le plus généreux et le plus humain de ces quinze dernières années. Il avait pris sa retraite le 1er mars et sa femme le 15 novembre. Ils auront eu le temps de réaliser leurs projets pendant 3 semaines. C'est court. Je n'ai toujours pas bien intégré cette disparition, tellement inattendue et irréelle. Je voulais organiser ma fête de départ au même endroit que lui, aujourd'hui c'est tout simplement impensable. Même de faire une fête d'ailleurs.

    Le sapin est enfin monté. Il nous faut toujours quelques jours. Un jour pour monter la bête, un jour pour mettre les circuits dans l'arbre. Un jour pour les enlever parce que finalement ils ne sont pas bien mis et les arranger à nouveau. Un jour pour accrocher les boules. Un soir pour le contempler avec la satisfaction habituelle. 

    La semaine de mon retraité maison a été tout simplement infernale. Il est devenu la personne de référence de l'immeuble et le syndic donne son numéro de téléphone à tous les corps de métier qui débarquent. Lundi, se lever pour accueillir la livraison de mazout pour l'immeuble alors que nous sommes les seuls qui ne sommes pas chauffés par cette source. Constater que les caves ont été "visitées", prévenir tout le monde, recevoir la police, essayer de ranger un peu tout ce que les voleurs ont retourné, accueillir le toiturier pour un devis. Puis courir sortir le chien de sa soeur empêchée à midi. Mardi découvrir une nouvelle visite des voleurs de cave, attendre la société qui devrait réparer la porte d'entrée qui ne ferme plus, en vain, ils décommandent à cause du temps.  Attendre le chauffagiste parce que malgré la livraison de mazout, une partie des habitants n'est toujours pas chauffée. Il ne viendra pas non plus parce qu'on n'arrive pas à se garer au centre ville. Aller chercher Maoh à la crèche, le ramener chez lui. Mercredi attendre toujours le chauffagiste qui finalement reportera une nouvelle fois parce que trop d'interventions d'urgence, filer sortir le chien à nouveau, attendre un corps de métier pour un devis pour un dégât des eaux chez ma maman qui lui aussi reporte au lendemain, revenir attendre un autre chauffagiste. Jeudi on prend les mêmes et on recommence. Cette fois-ci, ils sont au rendez-vous. Aller chercher Jules et Sam à l'école et à la crèche pour cause de papa exceptionnellement indisponible et de maman pas en état de "marche". Vendredi, le chauffage tombe à nouveau en panne et comme les convoyeurs, l'Homme attend. La retraite, donc. 

    Weekend de pioux, ils ont défilé tout le samedi à tour de rôle, un moment tous ensemble, le temps de laisser leurs parents faire leurs courses de Noël, on a cuisiné, joué, parlé, trinqué. Bonheur. Cette bande me plait tellement. 

    Et ce soir, je finis d'écrire le discours de la fête de départ à la retraite pour une collègue que j'adore. Ah oui et j'ai lavé tous les ours de la bibliothèque. Ils se réchauffent au coin du feu.

    Bref, le tourbillon de la vie.

  • Les chemins

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    Le grand départ approche. Celui à la retraite je veux dire. Pour l'autre je ne suis pas pressée.

    Je nettoie donc mes archives de mails accumulés depuis 16 ans que je suis dans cette boîte. Je vire tout ce qui est professionnel et qui n'intéressera forcément plus personne. Par contre, pour tout ce qui est personnel – et il y en a un paquet -, je les relis un à un. Gros moment de nostalgie, de regret du temps qui passe. 

    Parmi tous ces messages, il y a ceux de Cat, championne des changements de job et des entretiens d'embauche partout en Europe. Un de ses mails disait, il y a 15 ans: 

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    – je vais à Lisbonne mardi prochain pour entretien Communication.

    – Antoine (un de nos ex-collègues devenu ami) commence comme head of Admin en février

    – Mitch (son mari) toujours en liste de réserve.

    ET ils ouvrent bientôt le poste de head of HR… ;-))))

    Falas portuguès??? 

     

    Je venais de quitter Parme pour rentrer en Belgique mais l'idée de rejoindre Lisbonne n'était pas pour me déplaire. En même temps, je ne me voyais pas déménager à nouveau la famille ni reprendre l'avion Lisbonne-Bruxelles toutes les semaines comme je l'avais fait depuis l'Italie. 

    Elle n'a pas réussi l'entretien. Antoine s'est fait virer après un an. Et Mitch n'a plus été appelé et de toute façon ne serait pas parti sans elle. Et je n'ai pas postulé au poste de Head of HR. La seule chose que j'ai faite, c'est me remettre au portugais.

    Entretemps, elle a postulé un peu partout, a bossé un peu partout aussi mais toujours à Bruxelles. Antoine s'est retrouvé en Afrique, sa femme est restée au Portugal, a pris un amant. Puis Antoine a chopé un vilain cancer et est revenu mourir à Lisbonne auprès des siens, l'amant éjecté pour l'occasion. Et Mitch et moi sommes restés dans la même boite pendant plus de 15 ans, alors que nous avions plutôt la bougeotte.

    Et maintenant que je vais tout doucement fermer la boutique, je regarde le chemin parcouru. Et je me demande ce que serait devenue ma vie et où je serais aujourd'hui si j'avais pris tel chemin plutôt que tel autre.

    Si j'avais pris  ce poste à la banque nationale ? Si l'Homme n'avait pas poussé de toute son âme pour que j'accepte ce poste à Turin ? Si je n'avais pas été virée de Turin après 5 ans en y laissant finalement la mienne d'âme ? Si j'avais accepté ce poste à Thessalonique ? Si Berlusconi n'avait pas fait des pieds et des mains pour que l'Agence pour la sécurité alimentaire s'installe à Parme plutôt qu'à Helsinki ? Si je n'étais pas rentrée de Parme après un an d'allers-retours épuisants ?

    Tous ces choix m'ont menée jusqu'ici. Sans regrets. Mais probablement, d'autres choix, d'autres cieux m'auraient tout aussi épanouie, je crois. Ce que je regrette sans doute, c'est de ne pas avoir pu parcourir tous ces chemins et d'avoir été obligée de faire des choix. Mais ça c'est la vie dans toute sa splendeur. 

     

  • La quinzaine de l’aidant proche

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    Pour la troisième année consécutive, ma belle-soeur est partie en vacances. Elle les avait programmées dès son retour des vacances précédentes pour être sûre que je bloque les dates avec elle. J'ai donc repris mon service de proche aidant. 

    Ma belle-mère n'est pas compliquée. Elle a besoin d'une présence à chaque repas, d'un peu d'aide logistique et d'un peu de conversation. Celle-ci est toutefois de plus en plus limitée parce que proportionnelle à son degré de surdité. Pendant quinze jours, je crie et articule un peu plus fort que d'habitude. 

    Je dors chez elle aussi, dans un trois pièces en enfilade sans porte. Elle a le sommeil léger et pour combler ses insomnies, elle rallume la télévision sur puissance maximale. En général, je sursaute et ne me rendors plus. Au bout des 15 jours, je suis épuisée.

    Pendant  ce temps, l'Homme a géré l'approvisionnement en bois pour l'hiver et surtout l'ensablement à répétitions de l'appartement. Il a accessoirement vendu un garage. Il est venu me voir mais en coup de vent. Il aime sa maman mais n'arrive pas à rester là plus d'une demi-heure. Il invoque le parcmètre et l'amende probable pour filer à l'anglaise.

    Je le répète, ma belle-mère n'est vraiment pas difficile mais ma maison me manque, encore plus cette année que je l'ai quittée il y a plus d'un mois pour partir en vacances. Alors je décompte les jours grâce aux piluliers que ma belle-soeur a préparés et chaque fois que j'ouvre la petite boîte matin ou après-midi, je calcule ce qu'il me reste à passer là. Plus que douze repas, plus que dix, …..

    Pour fêter mon retour à la maison, on a célébré tous ensemble les 30 ans de Quentin, la naissance de Maoh et les 34 ans de Maïté. On ne s'était plus retrouvés tous autour de la table depuis le mois de juin et comme toujours ce fut un vrai bonheur de les avoir tous là.

    Le soir, Maman m'appelait, très anxieuse de voir sa tension monter d'heure en heure. On a passé une bonne partie de la soirée aux urgences pour finalement rentrer avec plus de peur que de mal.

    Et aujourd'hui, l'Homme s'est fait réparer l"épaule, bien mal en point. Il rentre demain et on fêtera aussi cela.

     

     

  • Fin d’août

     

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    Lundi: C'est son anniversaire. Je lui envoie un message. En général, j'aime envoyer des souhaits pour cette journée spéciale. Pour elle, j'ai ce pincement au coeur en me demandant si je le lui souhaiterai encore l'année prochaine, si ce n'est pas le dernier. Sa vie est devenue fragile. En soi, on pourrait se poser la même question pour tout le monde mais souvent on fait comme si cela ne devait pas arriver. Alors, pour être prudent et conjurer le sort, on souhaite une belle journée d'anniversaire. Un beau moment présent.

    Mardi: Je suis allée la voir ce soir, elle était d'humeur maussade. Elle arrive à un âge où la moindre contrariété agace l'estomac, plisse la ride de la glabelle et perturbe un tant soit peu l'humeur. La contrariété du jour venait des caprices de sa tablette. Pourrait-on croire qu'à 83 ans on soit aussi dépitée qu'une adolescente en mal de wifi ? Et pourtant, je serais bien la première à me mettre dans tous mes états si j'étais, comme elle, privée de ses accès à ce qui la relie en partie au monde extérieur, sa boîte mail, ses radios, son compte bancaire, etc…. Heureusement, un redémarrage bien envoyé a remis les idées de la tablette en place et l'ado octogénaire a retrouvé le sourire.

    Mercredi: Covid oblige, cela faisait un an qu'on ne les avait plus vus. On les aime comme ils sont, bavards au point de parler tous les deux en même temps, l'un à  l'Homme, l'autre à moi, ce qui nous oblige à perdre une partie de la conversation; drôles et cocasses, râleurs et ronchons pour des queues de cerise, insatisfaits et malheureux, gourmands et bons vivants. Hier à nouveau, ils étaient tout cela à la fois et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'on ne passe jamais une soirée ennuyeuse avec eux.

    Jeudi: Elle a demandé à sa maman de s'arrêter chez Bonnie et Nonno après le stage. Elle m'a embrassée et m'a dit assez bas: "Tu m'as manquée Bonnie". J'ai bien cru que j'allais verser une petite larme.

    Vendredi: J'ai joué à faire circuler un camion poubelle qui gênait une ambulance qui devait récupérer un blessé passé sous les roues d'un bus de revenants de vacances. J'ai joué aux paresseux se balançant sur une branche, qui mangeaient de délicieuses souris, en commençant par la queue, et qui, étrangement – mais pas tant que çà finalement pour des paresseux – mangeaient aussi des couvertures. J'ai joué la maman d'un petit garçon qui s'était épris d'un cheval et qui voulait absolument le faire dormir chez lui et dont le papa devait aller chercher des croissants et de l'avoine pour le petit déjeuner. J'ai joué au ballon avec une plume de duvet sauf qu'au lieu de la lancer, il fallait souffler délicatement et la rattraper avec la main. Enfin bref, j'ai passé la journée avec Jules.

    Samedi: Aller-retour sur la Champagne refaire notre cave (et celle des autres) chez notre presque ami Thierry. Contente de le revoir, contente d'aller manger un bout ensemble, contente de repartir bien chargés. Rentrer à Bruxelles, faire quelques livraisons et aller embrasser petit Maoh, si beau, si beau, si beau.

    Dimanche: Un dimanche comme je les aime où on ne quitte pas la maison et on entreprend des travaux d'aménagement. Cat voulait l'ancienne armoire de Quentin pour aménager le studio de Charlotte à Amsterdam. Je l'ai vidée et complètement dépoussiérée. Puis Cat n'a pas pu la prendre parce qu'elle ne rentrait pas dans la camionnette qu'ils avaient louée. Véro a demandé si elle pouvait passer deux nuits chez nous pour venir voir sa maman. Du coup, tout s'est enchaîné, on a réaménagé l'ancienne chambre de Quentin, ciré le parquet, remonté un vieux tapis qui dormait dans la cave depuis 20 ans, transféré l'armoire et installé les futons sur le tapis. Tout ça avec l'aide de Maïté et sous le sourire enjôleur de Lémoni. On t'attend Véro, ce sera une belle semaine.

     

     

  • Ups and downs

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    Encore un mois qui vient de s'écouler depuis mon retour à la maison. J'ai repris le télétravail à la maison. Les vacances de Toussaint en perspective et quelques sorties avec Jules et Sappho. Le musée du train et le musée des Sciences Naturelles. Et une petite après-midi d'Halloween. Que du bon. Oui mais….

    Samuel a été écarté de la crèche après une semaine parce qu'une des puéricultrices a été testée positive. Tout comme Jules avait arrêté l'école après moins de deux semaines en septembre, alors que la rentrée ne s'était déjà pas particulièrement bien passée. Quand on a un enfant un peu inquiet et qu'on ne peut même pas l'accompagner en classe le premier jour ever, c'est chaud boulettes quand même.

    Puis c'est nous deux qui avons été déclarés cas contact pour avoir cotoyé un ami positif. Quarantaine pour nous aussi. Et bien sûr, au deuxième jour de quarantaine, je développe quelques symptômes, principalement digestifs, un jour de fièvre et une grosse fatigue. Test négatif mais état pas très positif. Enfin Sappho est à son tour en quarantaine parce qu'en contact avec une institutrice positive. On n'en finit pas. On tourne en rond. 

    Entretemps, de toute façon, on est tous confinés, couvre-feu à 22 heures, magasins non essentiels fermés et les chiffres grimpent. 

    Donc exit les musées, les congés avec les enfants, on a fêté Halloween avec Jules et Sappho le 6 novembre. Et on a fait en sorte que ce soit bien quand même. 

    On transgresse un peu la règle de ne voir qu'une personne à la fois parce que sinon la morosité va tourner à la déprime totale. Et pour le reste, on fait attention à tout. On se lave les mains cent mille fois par jour, on sort masqué, en fait, en dehors de chez soi, on ne vit plus que masqué. On essaye de ne pas louper le créneau pour sortir les poubelles, pas avant 18 heures mais avant 22 heures. On se fait la couleur à la maison et j'ai encore coupé ma frange de travers.

    Et on attend la petite soeur de Sappho dans les jours qui viennent. Un deuxième bébé de confinement. 

    Dans six semaines, on fermera la porte sur cette année de m…. . Mais je crains qu'on ne soit pas encore au bout de nos peines.