On s'interroge beaucoup ces derniers jours chez mes e-potes sur le "to blog or not to blog". Delphine a ouvert le feu, Célestine avive la flamme et nous nous sommes toutes à un moment ou à un autre posé la question.
Quand on décide de continuer, de faire régulièrement son petit tour du blog, de rendre quasi quotidiennement visite à ces amies virtuelles, la question suivante se pose: "to meet or not to meet ?".
Bien sûr, certains non initiés regardent tout ce petit monde virtuel d'un oeil sceptique, méfiant, suspicieux. "Ca veut dire quoi, des amis virtuels ? Vous n'avez pas assez d'amis dans la vraie vie ?" Ben si, j'en ai plein, so what ? "Ca ne me dit rien qui vaille ces échanges, vous parlez avec de stricts inconnus, qui vous dit que ce ne sont pas des escrocs ou des voyous déguisés en gentilles mères de famille en mal d'oreille compatissante à leurs petits malheurs quotidiens ?" Ah oui, et quelle est la différence en fait avec les "pen-friends", les "correspondants" comme on les appelait quand j'étais petite. Dans mon école de religieuses, ces échanges étaient d'ailleurs grandement encouragés, surtout dans les pays où ces religieuses avaient des missionnaires (!). J'ai toujours aimé ces échanges avec des inconnues à découvrir (comme les équations). Et si je n'ai pas gardé de relations avec la plupart de ces correspondants, j'ai toutefois gardé un contact pendant très longtemps – et encore maintenant mais de manière beaucoup plus sporadique – avec l'un d'entre eux, qui, 35 ans plus tard a toujours la plume bien pendue.
Alors quand Isa a découvert qu'en fait, nous travaillions toutes les deux pour la même organisation mais dans deux pays différents, que nous nous sommes proposé de prendre un café ensemble dès que l'une d'entre nous se trouvait dans la ville de l'autre, je n'ai pas hésité une seconde, l'idée m'a plu. Nous avons mis des mois à pouvoir fixer le rendez-vous mais nous y sommes arrivées. Elle savait à quoi je ressemblais, moi pas. Mais j'ai tout de suite su que c'était elle. Et comme elle, la première chose qui m'a frappée, c'est sa voix. On a tellement l'habitude de se lire, de commenter, d'échanger des emails, le tout révélant bien plus de nos personnalités profondes que les échanges verbaux, que l'élément vocal nous surprend assez violemment. Dans la vie réelle, on connaît la voix des autres avant d'en savoir plus sur leurs vies. Dans la vie virtuelle, c'est l'inverse.
Et nos voix n'ont cessé de résonner dans le petit café où nous avons attendu son train. Aucun blanc, pas le moindre silence n'est venu nous laisser le temps de digérer cette découverte. Nous avons parlé parlé comme si nous nous connaissions depuis toujours mais que nous ne nous étions plus vues depuis très longtemps.

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