Catégorie : la vie des autres

  • Vider sa maison

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    On a laissé passer quatre mois depuis son décès. Pas l'énergie pour ça, Venise, les pioux à garder, les travaux de la cuisine. Mais surtout, on pouvait se le permettre, on continue de payer le loyer dérisoire, et ma belle-soeur n'était pas vraiment en état de penser à cette étape. 

    Mais bon, même dérisoire, on ne va pas payer ce loyer indéfiniment et il faut prendre son courage à deux mains et ouvrir ses armoires. Les filles sont venues nous aider. L'homme a trouvé l'exercice difficile. Retrouver des photos, des souvenirs des grands-parents, l'étole en renard de sa maman, le vieux drapeau belge parfaitement plié, les pipes et la boite à tabac de son papa, mille et un objets que l'on garde, emballés dans du papier de soie ou dans des boîtes en carton qui n'ont plus été ouvertes depuis au moins un demi-siècle, tout cela l'a passablement remué. Il ne veut pas voir la bague de fiançailles de sa maman à mon doigt et je le comprends. Au doigt d'une de ses filles, cela le dérange moins. Et les filles sont heureuses de porter un bijou de leur grand-mère. Pour elles, l'exercice est plus joyeux, il leur rappelle leur enfance chez leurs grands-parents. La relation est différente. 

    Cet après-midi là tenait plus de l'inventaire et de la découverte. Maintenant, il va falloir vider "pour du vrai". Ce sera sans doute encore plus difficile. Trier, donner, jeter, vider. Fermer la porte. Ce sera une autre étape du deuil. Pas nécessairement la plus facile. Surtout pour moi qui n'arrive pas à fermer les portes. 

  • Go, go, go !

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    Lundi: Petite virée annuelle en Champagne pour ramener pour nous, pour nos enfants et un peu pour nos amis un nombre assez important de caisses de champagne. Chaque année, c'est le même rituel. On part tôt le matin, on arrive chez Thierry qui nous accueille en nous faisant déguster les dernières mises en bouteille, tout en restant au café en ce qui le concerne. Ensuite, il nous invite à déjeuner dans un petit bistrot sympa et on revient charger la voiture. Chaque année, l'ombre de Renaud, son frère, flotte entre nous. Renaud était mon collègue et il est décédé il y a bientôt 9 ans. C'était lui qui nous a fait connaître le champagne de son frère et depuis sa mort, je me suis fait un devoir puis un plaisir d'aller jusque chez lui, près de Reims, pour faire le plein. Il y a toujours un moment où on parle de lui en riant. Au début, c'était un peu douloureux pour Thierry, un peu gênant pour moi mais avec le temps, on a apprivoisé sa présence et on en parle avec beaucoup de tendresse. On a repris la route pour la Belgique et on a encore pris deux heures pour faire la livraison des caisses à chacun.

    Mardi: Je dors déjà. Ces derniers temps, je tousse beaucoup et vers 22h, je suis à la ramasse. Quentin m'appelle pour demander si on peut garder Maoh demain. Mais je n'entends pas. Il appelle son père qui, lui, ne dort pas. Par contre, sa voix me réveille. J'ouvre un oeil, puis deux, en jette un sur mon téléphone et je vois effectivement que mon fils m'a appelée, puis je les écarquille un peu plus quand je vois que Maman aussi a essayé de m'appeler. Il est 23h mais je la rappelle. Sans succès. J'essaye le fixe, le portable. Rien. Je suis pour le coup bien réveillée. Je panique un peu. J'appelle ma soeur qui n'a pas été appelée, elle. Maman me rappelle enfin et prétend mordicus ne pas m'avoir appelée. Bien sûr, elle a fait une fausse manoeuvre et ne s'en est pas rendu compte. Mais ces dix minutes de cache-cache ont fait grimper mon adrénaline et mon angoisse bien plus que je n'aurais imaginé. J'ai eu un peu plus de difficultés à me rendormir.

    Mercredi: C'est l'anniversaire de Paul aujourd'hui. Paul c'est le mari de ma marraine, décédée il y a bientôt deux ans. Quand il a appelé au secours en mars 2023 parce qu'elle était tellement mal et qu'il n'en pouvait plus, on n'a pas hésité une seconde à faire les 150 km de route pour les rejoindre et la convaincre de rentrer à l'hôpital.  Pendant sa longue agonie, on a vu Paul à peu près tous les deux jours. Et depuis l'enterrement, on ne l'a plus vu une seule fois. La vie est bizarre. D'accord, il habite loin mais quand même, du jour au lendemain, on ne s'est plus vu. J'aimerais l'inviter avec maman, son frère et sa belle-soeur, avant qu'il ne soit trop tard. Mais je procrastine, je procrastine.

    Jeudi: Guy nous appelle pour nous proposer de les accompagner en Afrique du Sud, de passer quelques jours avec eux à Johannesburg puis de continuer notre route dans ce vaste pays pendant qu'eux rejoignent le Botswana pour se consacrer uniquement à des safaris. L'Afrique du Sud, ils connaissent, ils l'ont déjà faite en long, en large et en travers. Ceci dit, nous sommes les bienvenus au Botswana mais c'est un autre budget et ils ne veulent pas nous imposer ça. Belle proposition, on doit mûrir tout ça.

    Vendredi: Dans notre capharnaüm qui n'en finit pas d'en finir, j'ai invité trois copines que je vois une fois par an. Trois veuves. L'Homme prend donc la poudre d'escampette pour ne pas jouer à cherchez l'intrus. C'est toujours un plaisir de les voir. Cette fois, on a comparé nos maux divers, pour la plupart, dos, genoux, épaules. Exactement comme avec mes sorcières sauf que ces bien-aimées sont franchement plus jeunes que moi alors que mes veuves sont un peu plus âgées que moi. Je finis par me demander si je ne suis pas tout simplement dans la moyenne et que je n'ai aucune raison de me plaindre. Mmmmmh…. Le soir, pièce de théâtre amateur jouée, entre autres, par le frère de maman et sa belle-soeur. Près de 170 ans à eux deux tout de même. La démarche un peu hésitante mais la mémoire du texte intacte. Chapeau. L'occasion aussi de revoir deux de mes cousins et deux de mes petits-cousins, ce qui n'arrive vraiment pas souvent. Envie d'organiser une cousinade. Mais je procrastine, je procrastine.

    Samedi: Concert de jazz avec maman, cadeau de Noël de Sis'Cile. Très chouette soirée, même si la fatigue commence à vraiment me peser. Et puis, on a décidé qu'on allait s'offrir le Botswana et les safaris un peu luxueux. Tant pis, c'est pas comme si on avait encore toute la vie devant nous. Au diable les varices !

    Dimanche: Journée à Gand, pour soutenir Simon qui court son premier semi-marathon et surtout aider Anaïs à occuper trois enfants pendant les quelques heures que prennent l'inscription, la préparation et la course elle-même. Vu que Simon est une gazelle (1h26, c'est vraiment top!), on n'a pas trop galéré pour les faire marcher puis patienter du point de départ où ils ont encouragé leur papa à grands cris jusqu'au point d'arrivée où ils l'ont accueilli avec un enthousiasme tout excité. Maoh et Quentin étaient aussi de la partie. 

    Et entre deux, on continue les travaux dans la cuisine…..

  • Adieu à la déesse

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    En 1997, elle nous a rendus fous toute l'année. Elle avait 67 ans et comme sa maman était morte à 67 ans, il lui semblait absurdement logique de partir au même âge. On a entendu cette crainte pendant 4 saisons pour finalement l'entendre pousser un soupir de soulagement au crépuscule du 365ème jour. 

    Vingt ans après, en 2017, elle nous a fait mine de partir, dévastée par une bactérie qualifiée à juste titre de "difficile", elle a perdu 20 kilos et toutes ses forces et le médecin ne lui a pas donné 3 mois. Elle est alors rentrée chez elle et une équipe de soins palliatifs a été mise en place pour l'aider à vivre ces derniers mois.

    Mais c'était sans compter la volonté de fer et hors pair de celle que désormais tout le monde appelait la warrior, la guerrière et que Samsam a rebaptisée la Déesse parce que dans sa tête c'est le même concept.

    Elle a fait régresser la bactérie, l'a tenue à distance, a repris des forces et du poil de la bête. Elle a recommencé à se lever, d'abord du lit, puis du fauteuil, s'est à nouveau déplacée dans l'appartement, monté et descendu les escaliers une fois par semaine. Elle a perdu la vue progressivement mais s'est débrouillée pour voir le monde en rétréci puis à inventer ce qu'elle ne voyait plus. 

    Pendant sept ans, elle a attendu chaque jour Yves, Laurence, Gédéon, Patrick, Claire, Jean-Marie et tous les infirmiers dont elle connaissait les quelques petits détails de leur vie glanés pendant les soins et elle nous les racontait ensuite, au même titre que les infos ou la météo du jour. Pendant sept ans, elle a tenu bon grâce à eux et grâce à Marie-Chantal et elle a pu célébrer dans ses bras la naissance de sept arrière-petits-enfants. Pendant sept ans, elle a montré son indéfectible envie de vivre, jusqu'au dernier jour et a amplement mérité son titre de déesse guerrière. 

    Elle est partie vendredi, à son corps et à notre coeur défendant. 

    Au revoir très belle-maman.

  • En janvier, restons couchés

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    L'année avait pourtant bien commencé. Choucroute et concert du nouvel An. Les traditions ont la saveur du bonheur et des moments de retrouvailles. On a terminé par un gâteau au chocolat peu alléchant chez Mamy L avec les enfants, Lémoni et Maoh. Elle était bien.

    Et puis trois jours après, la situation s'est subitement dégradée. Grosse infection pulmonaire, intense faiblesse, mise sous assistance respiratoire. Mais elle a souhaité rester à la maison et refuse tout acharnement thérapeutique. Je comprends. Elle n'a aucune envie de revivre son parcours du combattant de 2017. Mais son état de faiblesse la prive de toute l'autonomie relative qu'elle avait entre ses quatre murs et il convient de ne pas trop la quitter. On a convenu de partager entre nous, sa fille, l'Homme et moi, la journée auprès d'elle. La nuit, nous avons trouvé quelqu'un qui la veille. Les jours se suivent et ne se ressemblent pas. Il y a les jours "sans" où le médecin prescrit les anxiolytiques et des comprimés morphiniques si nécessaire pour l'aider à respirer et où on pense qu'elle ne passera pas la nuit et les jours "avec" où elle dit avoir bien dormi, avale quelques cuillères en plus et parvient encore à nous épater. Un jour comme aujourd'hui où je lui dis "Mamy, ce matin, j'ai défait la moitié du sapin" et où elle me répond "les éléphants aiment manger le sapin". Je n'étais même au courant et interloquée, je vérifie. Et tout à fait, Mamy, il a même été conseillé à ceux qui se débarrassaient de leur sapin de l'apporter au zoo. Les branches de sapin sont des bonbons pour les éléphants.

    Bien entendu, l'Homme et moi, on se voit moins puisqu'on se relaie, ma belle soeur devant travailler ou télétravailler selon les jours. Mais on arrive à intercaler quelques moments pour nous, comme un resto pour mon anniversaire, un concert avec Mamy B. ou un goûter avec la tribu pour nous fêter JD et moi. 

    Petit contretemps, je me réjouissais d'accueillir Jules, SAmSam et Amalia ce weekend mais ils étaient malades, probablement grippés et la mort dans l'âme j'ai dû renoncer à les prendre, pour ne pas choper le moindre virus que j'aurais bien évidemment refilé comme une patate chaude à Mamy L. Résultat, les parents de Simon les ont accueillis tout le weekend et ont attrapé la patate chaude au vol :-(.

    Ah oui, et pour encore mieux gâcher janvier, j'ai fait une deuxième infiltration dans les lombaires, sans le moindre petit succès. 

    D'accord, j'ai eu la fève trois fois cette année. Mais j'aurais donné mes couronnes et mon royaume pour éviter ces tristes moments.

     

     

     

  • Les menus détails

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    Hier j'ai passé la journée seule. L'Homme devait s'absenter et j'en ai profité pour réduire un chouïa la to do list. Et quand je suis seule, je suis forcément moins distraite par tout ce que j'ai à raconter à l'Homme ou par tout ce qu'il me raconte lui et je suis beaucoup plus attentive et réceptive aux menus détails .

    Les petits riens qu'on ne remarque pas forcément mais qui changent tout. 

    Je suis allée chez le notaire porter nos testaments respectifs. On a voulu que le bien qui constituera le domicile conjugal au moment où l'un de nous tirera sa révérence revienne entièrement à l'autre. Pour cela, il fallait consigner cette volonté dans un testament. Il fallait aussi que celui-ci soit manuscrit et la veille, nous nous sommes prêtés tous les deux à l'exercice. Bien sûr, j'ai écrit le texte d'un seul jet et de ma belle écriture légendaire. L'Homme a dû s'y reprendre à plusieurs reprises et a chiffonné un certain nombre de débuts de copie en bougonnant haut et fort, pour une fois que je suis meilleure que lui. Lorsque j'ai déposé l'enveloppe ouverte avec nos deux copies au secrétariat du notaire, la gentille dame à l'accueil a jeté un oeil à l'intérieur de l'enveloppe et n'a pu s'empêcher de s'exclamer : "Oh quelle belle écriture !" et moi je n'ai pas pu réprimer un sourire de fierté et un petit "C'est la mienne !" de première de classe.

    Je suis allée à l'hôpital prendre rendez-vous pour une radio de mon dos et un scanner de ma hanche. L'orthopédiste est vraiment perplexe sur mes douleurs et ne comprend pas bien ce que j'ai. Ce qui bien sûr ne me rassure pas vraiment. J'ai patienté un petit quart d'heure que ce soit mon tour et j'avais en ligne de mire un gars qui accueillait les patients venus pour une IRM ou un PET-scan. Il avait un don inné pour les mettre à l'aise, demandait systématiquement s'ils étaient bien à jeun – ce qui n'était pas requis – et devant leur air ébahi et interrogateur, il les rassurait tout de suite en leur disant que c'était une blague. Les patients se détendaient illico et il enchainait en parlant de tout et de rien, du petit fromager ou du magnifique parc qu'il connaissait près de chez eux à la lecture de leur adresse. Et je me suis dit que ce type était vraiment cool et que tous ceux qui accueillaient les gens un peu stressés devraient en prendre de la graine.

    Je suis allée chercher deux poulets pour le weekend et la petite marchande de volailles était tellement chou. Elle a pesé les deux poulets et ils pesaient exactement le même poids à un gramme près. Elle a dit "je pense que ce sont des jumeaux". Je ne sais pas si elle y croyait ou si elle plaisantait mais elle était dans son histoire quand elle a ajouté "parfois les frères et soeurs se ressemblent moins que les cousins". Elle m'a fait rire. Et c'était bien.  

    Ce sont d'infimes petits riens mais qui peuvent changer la couleur du monde, quand on prend la peine de les distribuer et de les voir.

  • Les petits plaisirs

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    Après tout un été de pioux, dix jours rien qu'à nous deux. Enfin presque. Voilà quelque temps que J et S insistent pour qu'on passe quelques jours avec eux dans cette île au large de la Sicile, plutôt difficile d'accès. Ils y ont loué un dammuso pour une dizaine de jours pour y convier quelques amis. Le hic, c'est qu'ils ont réservé aux mêmes dates où nous avons déjà depuis longtemps notre réservation dans notre sacro-sainte Venise. Et donc, un peu de guerre lasse, un peu pour ne pas les vexer, nous avons fini par amputer notre séjour à Venise de 3 jours, pris nos billets d'avion Venise-Palerme, Palerme-Pantelleria et Pantelleria-Venise. Et nous nous sommes embarqués, un peu la moue boudeuse. A tort, comme toujours, quand nous chaussons nos souliers de plomb. L'île est belle, même si nous ne la voyons pas avec les mêmes yeux amoureux que J. – mais nous pouvons comprendre puisque nous vivons cet amour inconditionnel avec la Sérénissime – mais surtout ils ont invité des amis que nous ne connaissions pas à l'exception d'un couple. Et c'est là que souvent la magie opère. Tous plus sympas les uns que les autres, de belles personnes, drôles aussi. Un couple de Romains, un couple de Roumains, un Napolitain et une Néerlandaise. Un arc en ciel d'horizons différents. Et on en repart plus riches qu'avant.

    Retour à Venise où nous avions laissé la voiture, changement de valises et nous voilà à nouveau dans la ville du bonheur. On retrouve notre sous-toiture, notre terrasse sur le toit. Et c'est parti pour dix jours d'expos, de restos et de journées lecture en mode lézard. Je suis toujours émerveillée de voir qu'on peut passer dix jours ensemble H24 sans jamais s'ennuyer ou avoir envie de souffler. Je suis bien avec lui et il me semble bien avec moi.

    J'ai dévoré trois livres: Limonov d'Emmanuel Carrère; la Danse de la Mouette d'Andrea Camilleri; et Pierre-Auguste Renoir, mon père de Jean Renoir. A la descente, on s'était arrêté pour voir une expo sur les Regards Croisés de Renoir et Cézanne. Et j'ai acheté le livre pour poursuivre cette plongée dans la magie de Renoir.

    On s'est offert cinq expos tout aussi différentes qu'intéressantes:

    • Une installation d'Eva Jospin assez féérique, une forêt faite de tableaux brodés et de cartons finement ciselés. Un magnifique travail et une impression de toute beauté.
    • Une rétrospective sur l'oeuvre de Robert Indiana, connu surtout pour sa sculpture du mot LOVE, reprise sous des dizaines de forme, mais qui a créé bien plus que ça en grand maître du pop art. J'ai adoré.
    • Une installation complètement folle reconstituant un soi-disant mont de piété à l'endroit même de l'ancien Mont de Piété de Venise, devenu la Fondation Prada (!), un amoncellement d'objets totalement disparates, des piles de journaux, des outils, des collections de luges, des vélos, des bijoux de pacotille par  centaines, des civières de la Croix-Rouge, des monceaux de vêtements, j'en passe autant que j'en oublie. 
    • Une exposition sur l'artiste de rue Ernest Pignon-Ernest, des portraits magnifiques dessinés au fusain de Pasolini, Alma Akhmatova ou Forough Farrokzhad, poétesses l'une russe, l'autre iranienne, faisant écho à mes lectures toutes récentes. Je ne les connaissais pas avant de les lire cette année et je les retrouve par hasard – mais est-ce un hasard ? – dans  cette expo.
    • Une grande foire d'artisanat du monde entier organisée sur le thème de la vie à la mort. Beaucoup de belles choses en peu de temps.

     

    Et last but not least, on s'est régalé dans quelques restaurants, connus ou découverts, mais pour la plupart exquis dans l'assiette et dans le verre.

    Bref, encore un séjour haut en bonheur. 

     

  • Amours, amitiés, santé, petits plaisirs

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    Samedi: Les valises sont défaites, les machines ont presque fini de tourner, y'aura plus qu'à repasser. Je savais le vendredi soir que dès que nous aurions passé le seuil de la maison, le rythme reprendrait sa course folle. Ce matin, à la première heure, rendez-vous chez le coiffeur pour remettre un peu d'ordre dans la couleur de mes cheveux, rendre visite à ma belle-mère et remplir le frigo pour accueillir la tribu demain. Retrouver Maïté et les filles chez nous, impatientes de nous revoir. Anaïs et sa troupe nous rejoignent avec l'intention programmée de nous laisser Samuel et Amalia pour leur permettre de participer à une course de 10 km le lendemain matin. Finalement seul Simon participera et Anaïs conduira Jules à un anniversaire à …. 8 heures du mat'. Nouvelle mode. Au final, Sappho et Lémoni demandent à pouvoir rester dormir aussi. Amalia s'est endormie avant que ses parents ne partent et ne s'est rendu compte de la supercherie que le lendemain matin et m'a bien fait comprendre qu'elle appréciait peu ce genre de procédé. Tout dans les yeux. Mais au moins elle ne pleure pas. Puis elle a fait contre mauvaise fortune bon coeur et a accepté de me parler, toujours avec les yeux. 

    Dimanche: On s'est tous retrouvés pour fêter les 67 ans de l'Homme/papa/nonno. Il était heureux. Et moi aussi. Ils étaient même là très tôt parce que Simon court vraiment très vite. Et que les autres étaient pressés d'arriver aussi. On a passé un bon moment, les petits avec les petits, les grands avec les grands et les petits avec les grands. On a profité de la présence de tout le monde pour valider un projet de weekend tous ensemble dans les Ardennes en novembre pour fêter nos 40 ans.

    Lundi: Petit marathon de plaisirs divers et variés: Lunch à midi avec M., pas très en forme. Maman en convalescence en Italie, où elle habite, après une vilaine chute et compagnon en dépression après un double pontage. Stressée par le boulot, bref, pas joyeux tout ça. Mais contentes de se voir. Je file chez l'esthéticienne puis je cours – pas trop – chez l'orthopédiste pour recevoir une infiltration dans le deuxième genou. Les résultats obtenus pour le premier genou étaient suffisamment concluants pour tenter le deuxième. Et comme cette fois, je sais que ça ne fait absolument pas mal, je suis plus détendue. Entre tous ces rendez-vous, il y a chaque fois 45-50 minutes de métro ou de bus et j'en profite pour me plonger dans un bouquin, autre petit moment de plaisir. L'homme vient me chercher pour terminer la journée autour d'un plat de pâtes chez J et S. Eux non plus ne sont pas en grande forme mais ça passera.

    Mardi: Je retrouve Quentin à la salle de sport mais je ne le vois que quelques minutes. Je suis venue plus tôt que prévu parce que je devais être à la maison à midi et il a un autre client que sa maman préférée à cette heure-là. Mais je suis contente de retourner à la salle après un peu plus de deux semaines d'absence. Je rentre retrouver mes filles qui sont venues télétravailler et Katia qui nous fait une belle séance de manucure et pédicure à tous. Entre deux réunions, mes deux Disneyphiles se montent l'une l'autre un projet de séjour à Disneyland après l'été, alors qu'elles s'étaient juré d'attendre 2025. Mais c'est parti, nous voilà sur un nouveau séjour, mais en appartement cette fois, pour éviter les repasbondutout ou les salades passées en catimini dans les chambres d"hôtel. Et avec Maoh cette fois. 

    Mercredi: Le matin, je retrouve Andrea pour un café – déjà un an depuis le dernier – qui s'éternise jusqu'à midi. Il prépare sa retraite, me raconte son voyage en Inde, sa pratique du yoga, sa maman et le temps file. De là, je rejoins B et Z pour un lunch. Elles me racontent les potins du bureau, leurs enfants qui grandissent et leurs vies de maman. Elles sont belles. Je rentre, le temps de me laver les dents et nous voilà partis chez le dentiste. Il est bavard comme un pinson et on passe plus de temps à l'écouter, la bouche ouverte – nous, pas lui – qu'à se faire détartrer. Puis je rejoins Sis'Cile chez maman et on ouvre le champagne pour son anniversaire. 

    Jeudi: Je pars pour la salle mais c'était sans compter un incident dans le métro et j'ai dû marcher plus d'une demi-heure avec une paire de baskets neuves qui n'avaient pas l'intention de marcher si longtemps au départ. Non seulement, je suis arrivée trop en retard pour que Quentin ait le temps de s'occuper de moi, mais de toute façon, j'étais trop fatiguée et cerise sur l'orteil, je me suis bien blessée au pied. Retour à la maison, en mode grognon. Mais j'ai convaincu l'Homme d'aller au cinéma l'après-midi, un truc qu'on ne fait jamais. Nous sommes allés voir "C'è ancora domani" et c'était un très très bon moment.

    Vendredi: Quentin m'a proposé de venir le lendemain mais très tôt. J'ai pris mon courage à deux mains et me suis levée alors qu'il faisait encore un peu noir. Je suis rentrée et repartie retrouver J pour une expo sur les Surréalistes. C'est fou comme une expo à Bruxelles est nettement moins mise en valeur qu'à Venise. Ou alors suis-je de parti pris ? 

    Amours, amitiés, santé, petits plaisirs, les perles du collier de ma vie…..

  • La vie des autres

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    Lundi: On part tôt le matin pour terminer l'installation des lits superposés pour accueillir 5 pioux sur sept à Pâques. Les deux dernières dormiront encore avec leurs parents. On élague vite un des figuiers avant que la sève ne monte trop. Je change les draps d'à peu près tout le monde et les embarque pour les laver à Bruxelles, histoire d'avoir des draps propres et secs pour tous. Hop hop hop un passage chez le fermier et au supermarché en vue de la visite des amis demain et on repart fissa sur Bruxelles où une préparation de la réunion des copropriétaires nous attend chez les voisins. 

    Mardi: Les amis arrivent de Bourgogne pour trois jours. Pur bonheur de les retrouver. On parle à bâtons rompus sans discontinuer et tout est intéressant dans ce qu'ils nous partagent. Ce qui m'a émue ce sont les récits de famille que Martine m'a partagés. La grand-mère algérienne, naturalisée Française et même rebaptisée d'un prénom bien français français et dont personne de ses petits enfants n'a soupçonné la nationalité avant un âge adulte avancé. Alors qu'elle se faisait appelé Mamouna et préparait si bien la tchatchouka. L'arrière-grand père déposé dans une tour d'abandon, appelée chez nous "boîte à bébés" et dont Martine a fini par retrouver la trace généalogique. Toutes ces histoires de vie méconnues qui sont imprimées dans vos gênes et qu'on ne soupçonne même pas.

    Mercredi: Il fait un magnifique soleil, premier jour de vrai printemps. C'est idéal pour emmener ces amis visiter Bruxelles. On les emmène au Sablon, à la Grand Place, dans les Marolles, place du Jeu de Balle où se tient le marché aux puces tous les jours de l'année. On leur fait découvrir la cuisine typique bruxelloise au Stekerlapatte, vieux bistrot bruxellois dans le quartier des Marolles. On remonte vers le Palais de Justice, le Mont des Arts et on termine la journée devant une pasta alla Norma et un bon verre de vin. Gérard m'a offert des cordes de guitare qu'il a montées et qu'il a ensuite accordées. Il m'a redonné l'envie d'apprendre à jouer de cette guitare, cadeau de mes 20 ans que je n'ai jamais exploité. 

    Jeudi: On abandonne les amis pour la matinée pour aller à l'enterrement de l'oncle de Kerya, parti trop vite et trop bêtement. Une intervention chirurgicale sur les vertèbres cervicales est a priori sans danger et tout le monde l'a encouragé à le faire. Et deux jours après, il fait une hémorragie et part en moins de temps qu'il ne faut pour le dire. Toute la famille est atterrée et incrédule. J'aimais bien ce monsieur qu'on rencontrait aux fêtes d'anniversaire. Ce que je ne savais pas et qu'on nous a appris pendant la cérémonie d'adieu, c'est qu'il avait quitté le Cambodge avec femme et enfants pour fuir le régime de Pol Pot et les Khmers Rouges et se réfugier dans un camp en Thaïlande avant d'atterrir en Belgique et que dans ce camp, ils ont perdu une petite fille de 5 ans, de faim et de froid.

    Vendredi: Les amis nous quittent. L'Homme retrouve un ancien collègue pour le déjeuner et moi je rattrape mon repassage avant de partir chez l'orthopédiste pour ma première infiltration au genou. Même pas mal. Anaïs m'avait pourtant laissé entendre que c'était très douloureux. Sans doute un orthopédiste n'est pas l'autre. Ou la fille serait plus douillette que la mère ? Mais ça, ça m'étonnerait. Le soir, spectacle à La Monnaie, première partie: Rivoluzione. Mai 68 à Paris et en Italie.

    Samedi: Deuxième partie: Nostalgia. Que sont devenus en 2000 tous ceux qui se sont battus en mai 68, lutte armée ou lutte non violente. La plupart du temps, ils se sont rangés vers plus de confort. Leurs vies racontées pendant ces 5 heures de spectacle cumulées me laissent beaucoup de questions. Que laissons-nous à la postérité finalement ?

    Dimanche: Dîner gastronomique avec les ex-collègues de l'Homme. Dix couples autour de la table pendant 7 heures et toujours des histoires de la vie des autres. Celle à qui on a détecté un cancer du sein depuis la dernière fois que l'on s'est vues, celui qui attend un rein depuis deux ans, celle qui a perdu un beau-frère étouffé avec un petit bout de jambon, celle qui passe son examen de piano mardi, des petits bouts de vie comme j'aime les écouter. 

    Les rencontres dans la vie sont comme le vent, certaines vous effleurent juste la peau, d'autres vous renversent. 

  • Un voyage haut en couleurs

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    Après avoir terminé l'année 2023 et commencé 2024 sur les chapeaux de roue, nous avons pris l'avion le 2 janvier pour une destination inattendue. Bien sûr, on savait où on allait mais ce n'est sans doute pas le premier pays que j'aurais choisi pour fêter un an de retraite. Mais G. et C. nous ont proposé de partir en Inde, et contre toute attente, l'Homme a dit "Pourquoi pas ?". Dans ces conditions, je n'ai pas chipoté sur la destination et j'ai signé des deux mains. 

    Il me restait malgré tout quelques appréhensions mais celles-ci se sont complètement évanouies dès que j'ai posé le pied sur le sol indien. J'ai dans un premier temps été étourdie par le concert ininterrompu de klaxons et la densité de circulation mais petit à petit, je me suis détendue tant la circulation était fluide. En 3 semaines, je n'ai pas vu un seul accident ni le moindre accrochage. Après l'oreille, ce sont mes yeux qui en pris plein la vue. Jusqu'au dernier jour, j'ai été éblouie par l'arc-en-ciel de saris colorés et chatoyants et l'élégance dont ce vêtement habille chaque femme, quelle que soit sa morphologie. 

    Notre voyage avait la forme d'un sourire. De Chennai, ancienne Madras, à Goa, en passant par Pondichéry, Tanjore, Ooty, Cochin, Hampi et tant d'autres étapes aussi variées que dépaysantes. 

    J'ai tout aimé: le vert inédit des rizières, les plantations de thé comme autant de petits coussins verts, les temples époustouflants, les uns creusés à même la roche, les autres construits en énormes blocs de pierres, la dévotion incroyable des Hindous – j'ai moins aimé toutefois me déchausser les jours de pluie, marcher dans la boue et remettre mes baskets sans avoir l'occasion de me laver les pieds mais bon, sortir de sa zone de confort, cela ne peut pas faire de mal parfois -, je suis devenue une spécialiste de la mythologie indienne – bon, niveau 1, mais quand même, je ne m'en sortais pas trop mal -, la visite d'Auroville, cette utopie des années 70, la découverte des banyans, la soirée de mon anniversaire dans un ancien palais de riches commerçants Chettyar, la fête de Pongal, les kolams devant les maisons, ces magnifiques symétries dessinées par les femmes chaque matin, les visites de palais plutôt pas laids, la visite d'un jardin de plantes ayurvédiques, la journée en bateau sur les backwaters au milieu des jacinthes sauvages et des lotus, les deux safaris dont l'un à 6 heures du matin qui nous a permis de voir, chose très rare, un éléphant dormir couché près de son bébé de quelques semaines (normalement les éléphants dorment debout pour éviter de prendre trop de temps à lever leur lourde carcasse en cas de danger et ne s'autorisent à dormir couchés que lorsqu'ils se sentent en confiance), le magnifique site de Hampi, la cuisine indienne malgré le côté parfois fort fort épicé et surtout surtout j'ai été conquise par les Indiens, leur sourire, leur gentillesse et leur permanente envie d'être photographiés avec nous.

     Une semaine après notre retour, je suis toujours sous le charme. Je pourrais y retourner demain. Sans doute à un autre rythme. Mais cette Inde-là, celle du Sud, m'a définitivement séduite. 

     

     

  • Le monde des urgences

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    Jeudi, j'ai fait un petit tour aux urgences. Rien de grave, juste un doute (est-ce que je ne suis pas en train de faire une nouvelle pneumonie, moi ?), un médecin traitant en vacances au Mexique, un autre médecin qui n'accepte plus de nouveaux patients (bon, tant pis), et un départ en vacances le lundi suivant. Pas vraiment d'autre choix que d'oser encombrer les urgences. Mais personne ne me l'a reproché sur place, il faut bien le dire.

    J'y suis restée une longue après-midi et une soirée, le temps de faire une kyrielle d'examens (la petite dame a quand même déjà fait une petite embolie et on préfère ne pas passer à côté d'une récidive) et d'en attendre les résultats qui ont bien entendu confirmé mon petit doute.

    Et ce long moment de patience m'a donné l'occasion d'observer mes congénères humains. Le monde des urgences est un microcosme en soi. 

    Il y avait une maman africaine qui accompagnait son mari qui s'était foulé voire cassé la cheville et qui l'attendait dans la salle d'attente avec son bébé de 8-9 mois. Elle avait deux portables, un pour elle avec lequel elle a enchaîné conversation sur conversation et un autre pour son bébé qui regardait (déjà) une video "Dans sa maison, un grand cerf regardait par la fenêtre…..". Je ne suis pas restée longtemps dans la salle d'attente (par chance!) et je ne saurai jamais combien de temps elle a pu tenir ce rythme.

    Il y avait ce jeune Espagnol accompagné d'un copain qui lui faisait la conversation après un épisode de choc anaphylactique, visiblement après avoir mangé du poisson. Ce devait sans doute être la première fois que cela lui arrivait et il devait avoir eu la frousse de sa vie. Son copain essayait de le détendre un peu en lui faisant la liste "googuelisée" de tous les aliments qui pouvaient lui être fatals. L'autre riait d'un jaune nerveux et passait en revue tout ce qu'il avait mangé depuis le début de la semaine.

    Il y avait cette petite dame portugaise qui s'était fait renverser par un vélo et qui s'était fracturé le coude. L'infirmière lui a demandé si elle tenait beaucoup à son joli petit gilet orange et la dame a dit oui. Mais quand on lui a expliqué que ce serait sans doute douloureux de lui enlever son gilet normalement, elle a accepté vaillamment qu'on découpe la manche aux ciseaux: "Bah, un gilet, ça se remplace…." Son mari est arrivé une heure plus tard, elle n'était toujours pas embarquée pour la salle d'op et elle lui a répété, en portugais cette fois "Bah, un gilet, ça se remplace…"

    Il y avait cet Anglais qui ne tenait plus sur ses jambes parce que les 5 grammes d'alcool qu'il avait dans le sang rendait sa marche on ne peut plus instable. Sa femme est arrivée à peu près en même temps que lui et n'a cessé de se fâcher sur lui. Elle le traitait de tous les noms d'oiseaux ivres et lui, plus imbibé que dix babas au rhum, lui répondait avec autant de verve pâteuse. Les Espagnols ont cessé de faire des listes alimentaires pour rire sous cape dans le box voisin. L'Anglais voulait absolument aller aux toilettes, le médecin refusait qu'il se lève et l'enjoignait à utiliser le bocal ad hoc. L'Anglais essayait de se lever, sa femme le replaquait au lit avec une force insoupçonnée. Il a fini par accepter le bocal mais bien entendu n'a pas su viser et quelques litres d'alcool ont arrosé le sol, au grand dam des infirmières. Les Espagnols ne se tenaient plus.

    Je suis rentrée tard le soir et j'ai eu une pensée particulière pour tous ces soignants qui vivent cette réalité jour après jour, nuit après nuit.