Je crois que vous l'avez toutes compris, j'ai eu peur mercredi dernier. Pour toutes ces raisons obscures et irraisonnées mais incontrôlées. J'ai transmis mon angoisse à l'Homme qui peut être curieusement superstitieux, lui le roi du rationnel. Et j'en suis désolée.
Pendant la matinée qui a précédé l'intervention, je suis passée par toutes les phases de la superstition, de l'angoisse pure et du camouflage-blindage.
– J'ai lu mon horoscope qui disait: Santé: "Vous vous sentez pleine d'énergie mais ce soir vous vous sentirez tout à fait à plat !". Ah, ça, c'était assez perspicace.
– Au départ de chaque enfant qui partait pour l'école, j'ai pensé "c'est la dernière fois que je le/la vois". Anaïs est partie sans me regarder, cela valait mieux pour toutes les deux, Quentin m'a décoché son sourire "Allez, ça va aller" et Maïté son regard "T'as pas bien fini de nous emm… avec ton cinéma ? Y'a rien du tout qui va se passer !". A l'Homme, j'ai dit "A tout à l'heure !".
– J'ai regardé la video d'Ally et Barry avant de partir.
– Dans le tram qui m'emmenait vers l'hôpital, deux étudiantes grignotaient chacune un sandwich sous mon nez, moi qui étais à jeun pour l'intervention et j'ai eu une pensée mélodramatique "Vous ne savez même pas ce qui m'attend" et une envie furieuse de mordre dans leur petit pain.
– J'ai marché dans les feuilles mortes et j'ai pensé "Si je trouve un beau marron bien lisse, ça ira." J'en ai ramassé deux.
– La dame qui a rempli les papiers à l'admission m'a dit "Courage !" et je suis arrivée en larmes à l'étage de ma chambre.
– Je me suis sagement déshabillée et j'ai réalisé que j'avais mis un pull mauve et j'ai pensé "c'est une couleur d'enterrement".
– Le médecin est venu, a dessiné des repères sur ma peau et il a dessiné une croix, pas un plus, une vraie croix, et j'ai pensé "Et merde… !"
Et puis, j'ai essayé de me relaxer, il me restait une heure avant qu'on vienne me chercher. Eh ben non, ils se sont trompés et sont venus me chercher après dix minutes à peine. Arrivés au sous-sol, ils se sont rendu compte de leur méprise (encore heureux…. 🙂 ) et j'ai attendu deux bonnes heures, parquée dans l'antichambre. Et là, curieusement, je me suis détendue et endormie.
Aujourd'hui, je respire, tout cela est derrière moi mais je dors comme un loir. Ce n'est plus d'amulettes dont j'aurais besoin mais d'allumettes pour tenir les yeux ouverts.

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