Catégorie : bizness

  • Qu’est ce que tu veux faire plus tôt ?

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    Lors de notre descente à Turin, nous avons voyagé avec deux anciens comme nous de Tours à Turin. Une de mes sorcières bien-aimées et son mari. Nous avons parlé de tout et de rien tout au long du trajet, parfois somnolé (pas l'Homme au volant heureusement), grignoté, discuté. Au détour d'une de ces discussions, quelqu'un a demandé: "Et si tout était à refaire, vous auriez fait quoi comme boulot ?" Indépendamment de la contrainte alimentaire."

    Nos réponses étaient spontanées, on n'a pas trop réfléchi et c'était intéressant.

    Elle aurait voulu s'occuper d'animaux abandonnés, tenir un refuge. Elle a été comptable quelques années puis ils se sont lancés tous les deux dans la gestion d'une maison d'hôtes avec beaucoup de succès en Touraine. Aujourd'hui les clients devenus de plus en plus odieux (pas tous mais ceux qui le sont sont de plus en plus insupportables) la rendent folle et elle doit sans doute penser que les animaux seraient bien plus reconnaissants du mal qu'elle se donne. 

    L'Homme aurait été pilote d'avion de chasse. Sa maman n'a pas voulu, elle a sans doute craint qu'il ne meure trop jeune. Je savais qu'il avait regretté ne pas être passé outre mais pas qu'il le regrettait encore aujourd'hui. Enfin, bon, si on lui pose la question, comme ça, de but en blanc. Mais il a quand même reconnu qu'il n'aurait sans doute pas eu la même vie que celle qu'il a eue (sous entendu moi, les enfants, etc….) et que celle-là n'avait pas de prix. Pfiou….

    Lui aurait voulu travailler le bois. Etre un artisan. Ou mieux encore un compagnon. Ça m'a surpris, lui qui est un entrepreneur né, qui aime les investissements à risque, je ne le voyais pas dans une filière que je considère – peut-être à tort – comme très posée, très sage. 

    Et moi, moi, j'aurais aimé soit être comédienne, j'ai toujours aimé les planches, même si au-delà de mes vingt ans, je n'en ai plus guère eu l'occasion. Ou j'aurais aimé garder des enfants en bas âge. Je l'avais même sérieusement envisagé avant de rentrer vraiment dans la vie professionnelle mais l'Homme m'avait fermement découragée. Je suppose qu'il ne voulait pas rentrer chez lui et trébucher sur un train électrique ou glisser sur un ours en peluche. J'ai toujours un peu regretté. Rien d'étonnant donc que je suis aujourd'hui aux anges quand je garde quelques jours, ou plus si affinités, l'un ou l'autre de ces merveilleux pioux.

  • 30 ans

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    C'est un anniversaire un peu spécial. Du genre où on ne pense pas être invité. Et pourtant ils l'ont fait. 

    Il y a 30 ans le bureau pour lequel je travaille à Bruxelles ferme ses portes et déplace ses activités à Turin en Italie. On est 60 à choisir de suivre et de tenter l'aventure italienne. Je suis à peu près la seule à avoir des enfants et la moyenne d'âge de cette belle bande approche à peine les 30 ans. Pour moi, les neuf premiers mois de cette année 1995 sont sans doute les mois les plus durs de l'année; je laisse trois enfants de 3 à 7 ans à Bruxelles avec leur papa et même si je reviens tous les jeudis soirs pour repartir le dimanche après-midi, je souffre terriblement de cet éloignement. Même s'ils m'ont rejointe en Italie pour l'année scolaire suivante, cette séparation m'aura marquée à vie. 

    Par contre, les collègues célibataires ou pas se retrouvent comme au Club Med. Il faut préciser que l'hôtel où nous logeons tous les premières semaines, le temps de trouver un logement, est accolé au bureau et dès 17h30, tout le monde se retrouve chaque soir pour l'apéro et au fil du temps, plus si affinités. Et les liens se créent, les amitiés naissent. De celles qui durent pour l'éternité. C'est là que sont nées les sorcières et rien ne saurait rompre ce lien en acier (et caractère) trempé.

    Et voilà que ce bureau que nous avons quitté depuis bien longtemps pour certains décide de fêter ses 30 ans et d'inviter au-delà de son personnel actuel tous ceux qui ont travaillé là depuis le début. Oui mais, protection des données oblige, le bureau n'a pas pu garder les adresses de tous ces gens. Tout est parti de l'un ou de l'autre encore présent sur place qui connaissait encore untel qui avait encore l'adresse d'un autre et comme une boule de neige, le nombre de personnes contactées a grossi, grossi et chacun a appelé l'autre et comme un seul homme, un nombre considérable d'"anciens" a pris un billet d'avion, une réservation d'hôtel ou d'Airbnb pour Turin.

    C'était une vraie fête, des retrouvailles parfois très émouvantes, des cheveux blancs pour certains mais dès les premiers mots ou le premier rire, on retrouve le visage de 30 ans de moins. Pur bonheur, coeurs emplis de joie, oeil pétillant et pour reprendre les mots d'un ancien: contrats de travail devenus pactes d'amitié à vie.

    Je mesure la chance que j'ai eue non seulement de vivre une expérience professionnelle comme celle-là  mais aussi d'avoir eu l'occasion de fêter avec tous ceux là cette chance inouïe.

     

  • The End

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    C’est fini, je n’enverrai plus de CV. Alors, je vais en faire un petit dernier. Mais pas un CV Europass. Plutôt un CV « le temps passe ».

    1 mars 1983 – 31 janvier 2023. A un mois près, 40 ans de carrière. Globalement la moitié d’une vie. C’est pas mal.

    Si je jette un coup d’œil dans le rétroviseur, je suis assez contente du voyage.

    A 17 ans, je ne savais pas trop quoi faire à part faire du théâtre. On m’a dit « Fais des études d’infirmière, tu ne seras jamais au chômage ». Ok, s’occuper des gens, ça me va assez bien, pourquoi pas. Mais comme 1) encore aujourd’hui, j’ai un peu de mal à différencier ma gauche de ma droite et 2) l’anatomie ou la biochimie et moi, ça n’a jamais été le grand amour, j’ai vite dit adieu à l’hôpital.

    Ce que j’aimais moi, à part le théâtre, c’était les mots. Les mots et les langues. Alors j’ai appris quelques langues et j’ai passé quelques années le nez fourré dans un dictionnaire à traduire des articles…. médicaux, des modes d’emploi de machines dont je ne soupçonnais même pas l’existence et des posologies de cosmétiques. J’aimais ça mais je manquais d’interlocuteurs.

    C’était la période « lost in translation »

    Puis il y a eu la période « la couleur de l’argent » et même « l’ odeur de l’argent ». Six ans dans une banque à compter des pièces et des billets, ceux du boulanger, ceux des bistrots de la place du Luxembourg, ceux du client qui mangeait trois gousses d’ail chaque matin pcq c’est bon pour fluidifier le sang, contrairement à ce que dit le proverbe, je peux décemment affirmer que l’argent a une odeur. Mais je comptais aussi les billets de certains membres du staff du tout beau, tout jeune Bureau Erasmus et ceux-là avaient un parfum qui me faisaient rêver. Je rêvais surtout de les rejoindre. J’ai déployé tous mes sourires, j’ai postulé et de fil en aiguille, ce n’est pas pour Erasmus que j’ai été recrutée mais pour … Tempus.

    C’était Tempus, le bon temps, le bon tempo,  la plus belle période de ma vie professionnelle. Une centaine de personnes, tous ou presque, jeunes, dynamiques, pas de stress, la bonne humeur permanente, bref 4 ans de bonheur pur. Jusqu’au jour où la Commission européenne a décidé de confier la gestion du Programme Tempus à une agence de régulation, à créer de toutes pièces à Turin. Je n’avais jamais imaginé quitter Bruxelles et c’est contrainte et forcée par un mari visionnaire que j’ai postulé et que je me suis embarquée pour l’Italie.

    Ce fut d’abord la période « Les bronzés font du ski » Club Med. Imaginez 60 jeunes et un rien moins jeunes qui débarquent juste avant Noël, tous logés dans un seul et même hôtel, adjacent au bureau. Petit déjeuner tous ensemble le matin, apéro le soir, la fête pendant un mois, deux mois, jusqu’à 6 mois avant de trouver un vrai logement. Et puis, la période «  la dolce vita ». La famille enfin réunie, la découverte de l’Italie tout au long de la botte, la mer ou le ski le weekend, la cuisine italienne, la langue italienne, les mains italiennes, le café italien – plus jamais jamais un cappuccino après onze heures du matin – , la joie italienne, bref l’Italie pour toujours et à jamais dans le cœur.

    Mais le dolce farniente et le congé sans solde du mari prennent fin et c’est le retour à Bruxelles. Neuf mois de consultance informatique où je n’ai rien fichu. C’est la période «  l’Arnaque » mais où j’ai décroché ma plus belle carte de visite « Solution Specialist ». Même si on ne m’a jamais soumis le moindre problème à résoudre.

    Puis une nouvelle agence en création me recrute et je retrouve le plaisir de tout mettre en place. Cette agence pour la sécurité alimentaire est censée s’installer à Helsinki et le recrutement n’est pas simple. Personne n’est trop tenté par les températures finlandaises. Et puis Berlusconi passe par là, convainc tout le monde d’installer cette agence à Parme et me revoilà partie pour …. l’Italie.

    L’Agence s’installe en grande pompe à Parme, on est convoqué au Palazzo Chiggi, on circule escortés par la police (avec le gyrophare et tout), les autorités de Parme me prennent pour l’épouse du Directeur et m’organisent un programme de visite spécial épouse de Directeur. Côté privé, plus question d’expatrier de grands ados, je fais donc l’aller-retour hebdomadaire. Je loge pendant un an dans un palazzo magnifique, je dors dans une chambre de princesse qui donne sur le Duomo, je fais l’aller-retour entre Parme et l’aéroport de Bologne en limousine, Bref c’est la période Diva.

    Mais les allers retours ne peuvent pas durer toujours et je reviens. On me propose un poste à l’agence Education Culture et Media, je le refuse une première fois, l’Italie va trop me manquer. On me relance, je finis par accepter. Jamais je n’aurai cru que l’Italie m’attendait là et qu’on finirait même par faire certaines réunions en italien.  Et deux ans après mon arrivée, qui me rejoint à l’Agence ? Le programme Tempus. La boucle est bouclée.

    Et voilà, j’ai vécu pendant 16 ans dans cette Agence des moments incroyablement chaleureux, des situations vraiment cocasses, des moments loufoques, et malheureusement, un épisode absolument tragique le 22 mars 2016 avec la perte inimaginable d’une amie de plus de vingt ans.

    16 ans, c’est beaucoup, surtout pour moi qui changeait de boulot tous les 4-5 ans. Jamais je n’aurais cru rester si longtemps. Et ce mardi matin, 150 collègues étaient pour m’aider à sauter le pas autour d'un petit déjeuner.

    Aujourd'hui, je rends mon tablier. J'ai travaillé pendant 40 ans. Une demi-vie. J'ai aimé tous mes boulots , je ne me suis jamais ennuyée et même si je suis fatiguée et contente de m'arrêter, j'appréhende un peu de fermer la porte.

    Ce n'est pas tant ce qui est devant moi qui me fait peur mais je redoute le manque. Le manque de tous ceux-là. . Et plus particulièrement de mes collègues directs, ces collègues d'une longue partie de ma vie, que j'ai aussi aimés infiniment, chacun et chacune à leur manière.

    J'ai réussi à ne pas pleurer jusqu'au soir, mais lorsque j'ai emballé mes dernières affaires et qu'ils m"ont tous accompagnée jusqu'à l'ascenseur en applaudissant, j'ai craqué et je ne me suis plus arrêtée jusque tard le soir.

    Mais demain est un autre jour.

     

  • Premiers frimas

     

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    Lundi: Info du matin. La commune de Ganshoren inaugure une statue d'un artiste flamand érigée en l'hommage d'une maman juive qui, dans le train qui l'emmène elle et son fils vers  Auschwicz, a la préscience de ce qui les attend et pousse son fils hors du train pour qu'il échappe à cette fin certaine. Cette histoire, qui n'est ni la première ni la dernière du genre, m'émeut au plus haut point. Je pense que jamais je n'aurais eu ce courage, cette abnégation dans l'amour. Mon côté mère poule me pousserait à ne pas lever l'aile d'une plume et j'en suis désolée. Je trouve cette mère extraordinaire au-delà de l'imaginable.

    Mardi:  15 ans plus tard, ils les ont enfin démasqués  ! Un couple diabolique qui m'avait mené une vie d'enfer il y a 15 ans, m'avait envoyé des lettres de menace anonymes, m'avait trainée devant l'organisme s'occupant des fraudes, suite à une autre lettre anonyme signée Gérard Manvusa, alléguant que je donnais dans le népotisme et fraudais en quelque sorte le contribuable européen. Eux par contre ne se gênaient pas pour se faire engager avec de faux diplômes, de faux certificats d'emploi puis se faisaient porter pâles pendant des années durant. Je l'ai dit, on ne m'a pas écoutée. D'autres ont été plus persévérants que moi et n'ont eu de cesse qu'ils soient pincés. C'est enfin chose faite. C'est un entrefilet dans la presse qui aurait pu passer inaperçu qui l'a annoncé. Et en une semaine, je recevais cette information une bonne douzaine de fois de mes anciens collègues tout aussi étonnés et ravis que moi. Enfin, probablement pas autant que moi.

    Mercredi: Premier jour des vacances de Sappho chez Bonnie et PapiNonno. Nous sommes allés la chercher à la crèche ensemble, un peu stressés. Dès qu'elle nous a vus, elle a tendu les bras, ça commençait plutôt bien. Elle a souri d'un petit air entendu. Où sont mes esclaves habituels ? Ils ne sont pas là ? C'est vous les intérims ? Mmmmh, ça risque d'être amusant. Arrivés à la maison, elle a enlevé ses chaussures et a tout de suite entrepris de mettre de l'ordre dans ses jouets. Je crois que ça va bien se passer.

    Jeudi: J'avais oublié ou je ne me souviens pas, c'est l'un ou l'autre. Ces petits esclavagistes sont sans pitié. Ils exigent votre présence à tous les instants, vous demandent de les suivre, vous indiquent le plus clairement possible ce qu'ils veulent, du raisin, du pain, mettre leurs chaussures, le jouet qui a roulé 2 mètres plus loin et qu'ils préféreraient que vous alliez chercher plutôt que de lever leurs petites fesses rebondies ou vous signifient d'un quart de tour de visage que le repas est terminé.

    Vendredi: l'Homme et le fils sont partis pour la journée pour rapatrier les bûches qui nous réchaufferont cet hiver. Je suis seule avec la Princesse. Et là, tout est revenu. Mes souvenirs de maman de deux petites filles distantes de 16 mois ne me trompaient pas. Oui, la vie était facile avec ces enfants-là, oui, je pouvais cuisiner tout un plat un rien sophistiqué, passer l'aspirateur et repasser sans que cela ne pose problème. Il suffisait de ne pas les perdre de vue et surtout de ne pas disparaître de leur vue, leur parler ou ne rien dire selon le moment ou l'instant et la journée se déroulait sans heurts. J'étais souvent seule avec elles puisque l'Homme travaillait souvent à des heures autres que les miennes. Et aujourd'hui, seule avec la Princesse, tout a roulé comme sur des roulettes. Et du fin fond de Bangkok, Maïté m'a confirmé qu'en effet, en binôme, ça fonctionne super bien. Quand on est deux, on est forcément moins concentré sur l'enfant d'une part et l'enfant se rend compte qu'il n'est plus le seul centre d'attraction. Et ça change la dynamique.

    Samedi: Première séance chez le coiffeur pour la princesse. Cette petite tête anarchique commençait à me faire peine à voir. Mais avant de l'emmener, j'ai demandé l'autorisation à la maman. Je me souviens que Sis'Cile n'avait pas trop apprécié l'initiative de Mamy B. qui avait emmené Clara chez le coiffeur sans rien dire. Une Bonnie avertie en vaut deux. Mais comme la maman n'avait rien contre, je ne me suis pas fait prier. Chez le coiffeur, elle a fait son petit sourire timide, se demandant où elle était tombée. Mais elle est restée sagement sur mes genoux pendant que les ciseaux du coiffeur mettait un peu d'ordre sur cette petite tête. Les seuls moments où elle a bougé, c'était pour se pencher ou se tordre le cou pour mieux regarder les autres clientes. Sappho ma curieuse. Elle a été si sage que le coiffeur lui a offert la coupe. Et ma petite garçonne est ressortie souriante et jolie comme un coeur.

    Dimanche: Dernière journée de ce long weekend avec Sappho. Quentin et Kerya sont venus déjeuner avec nous. Une Sappho plus grincheuse aujourd'hui, vu le manque de sommeil de la nuit dernière. Il faut dire que les nuisances sonores sur le boulevard sont devenues totalement insupportables. Il n'y a plus de voiture sur le plus grand piétonnier d'Europe mais il y a tous les fêtards du samedi soir, les dealers au coin de la rue et les allumés du café d'en face, tous s'interpellant en hurlant les uns les autres jusqu'à six heures du mat'. Demain reprise du rythme crèche, métro, boulot, crèche, bain, biberon, dodo. Va falloir être organisé. 

     

  • Intensité maximale

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    On ne peut pas vraiment dire que les jours de cette semaine se sont ressemblés mais chaque jour, à sa manière, m'a fait vibrer intensément. Pour le meilleur et le moins bon, pour des joies immenses, des bonheurs inattendus, des découvertes qui vous font monter les larmes aux yeux, d'autres qui vous font pleurer de rire, et enfin des moments plus difficiles. Mais le moins qu'on puisse dire, c'est que c'était une semaine où l'on a vécu.

    Samedi: Anaïs nous envoie la photo d'une jolie bague accompagnée d'un message à tous les cinq: "J'ai dit oui !". Personne ne réagit, tout le monde croit qu'elle nous montre la jolie bague qu'elle a reçue et qu'elle fait de l'humour à deux balles puisqu'on sait tous bien qu'elle et Simon n'ont aucune intention de se marier. Mais on perçoit au fur et à mesure des échanges qu'elle se vexe que personne ne la prend au sérieux et on finit par douter. Maïté est avec nous et on décide de l'appeler. Et de fait, c'est tout sauf une blague, c'est une bague et une demande en mariage. Alors, on ne peut pas dire que nous ne sommes pas heureux, un bébé en construction, un mariage en préparation, des enfants heureux font des parents plus qu'heureux.

    Dimanche: On passe la journée en cuisine puis on fête Anaïs à huit autour de la table. Encore un de ces moments qui nous rend si heureux.

    Lundi: Au risque de me répéter, je n'échangerais pour rien au monde ces journées d'anniversaire passées avec mes filles. Je voudrais en faire autant avec Quentin mais avec un anniversaire fin juillet, nous sommes toujours en vacances, jusqu'à récemment toujours avec lui et l'occasion d'une journée mère-fils ne s'est jamais vraiment présentée. Mais j'adore cette journée de pause rien qu'à deux.

    Mardi: Rencontre avec un médecin que Joséphine m'a recommandé. Première fois depuis longtemps que quelqu'un m'écoute pendant une heure et demie. Et ce temps est inestimable. Le soir, Reines de Pique au théâtre. Deux vénérables monuments des planches, comptabilisant l'une et l'autre plus de 50 ans de théâtre, ont tenu la scène et le public émerveillé pendant deux heures ininterrompues. Sublime…..

    Mercredi: Je suis en pleine saison d'évaluation de chaque membre de mon équipe. En général, le dialogue qui précède la rédaction d'un rapport d'évaluation se passe plutôt bien, vu que la plupart sont quasi irréprochables. Mais aujourd'hui, la difficulté consistait à dire à quelqu'un dont la confiance en soi est assez défectueuse que son côté grincheux et revendicateur permanent me mettait dans un état d'exaspération de plus en plus difficile à contenir. Après deux heures de conversation pénible, elle est repartie dans son bureau. De ma fenêtre, je vois sa fenêtre. J'ai vu le cordon du téléphone en traction et un mouchoir dans une main. J'ai compris qu'elle pleurait. J'ai pris mon courage à deux mains et je suis allée la voir pour reprendre notre dialogue de sourds….

    Jeudi: Cosi fan tutte à l'opéra-cinéma accompagné d'une chorégraphie de AnnaTeresa De Kersmaeker. Nous avions vu son dernier spectacle et nous avions détesté. Le premier quart d'heure de Cosi fan tutte, on a tous les deux pensé qu'à l'entracte, nous serions partis. Et puis, soudain, tout s'est emballé et notre coeur a suivi. Elle avait dit dans une interview précédant le spectacle qu'elle ne voyait pas ce qu'elle aurait pu  faire après cela, tant sa chorégraphie était aboutie. Et elle avait raison. La combinaison de la musique, des chanteurs et des danseurs était totalement inattendue, émouvante, transportante et inouïe. J'ai adoré.

    Vendredi: Dernier spectacle de la semaine. Deux heures de one woman show, deux heures de rire ininterrompues. Une ancienne avocate qui met en scène des moments vécus de sa vie de barreau et décape notre société belge, bruxelloise et brabant wallon. Hilarant !

  • Déjà la fin de janvier

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    Et c'est déjà la fin de janvier…..

    Lundi: Et voilà, les boules de Noël, les guirlandes, la crèche, toute la magie de Noël est retournée dans sa boîte et le feu dans la cheminée est perdu sans le scintillement de son ami le sapin. Le salon est un peu triste et il va falloir attendre onze mois avant de retrouver ces moments d'enfance.

    Mardi: Au théâtre ce soir. On joue Antigone, oui mais Antigone de Sophocle. Je ne connaissais pas cette version. Mon Antigone à moi, celle que j'aime et que j'aurais tant voulu jouer, adolescente, alors que mes cheveux longs ont poussé les professeurs à me faire jouer Ismène, à mon grand dam, c'est celle d'Anouilh. Et le Créon de Sophocle m'a prise par surprise de tant de crétinerie et de suffisance alors que celui d'Anouilh est si humain, si rongé de doutes. Un angle différent donc, pas mauvais, mais différent.

    Mercredi: Réveil à cinq heures du mat'. Ma belle-soeur appelle l'Homme parce que Mamy n'est "pas comme d'habitude". Et de fait, elle n'est plus elle-même, mentalement incapable de se rappeler sa date de naissance ou de lire l'heure, le regard dans le vide, perdue à l'intérieur de ses pensées, physiquement incapable de marcher, une vraie poupée de chiffons. Bien sûr, on a tout envisagé, essayé d'organiser le futur immédiat dans cet état de fait. On ne pouvait pas imaginer qu'une infection sérieuse pouvait engendrer à elle seule un tel état de confusion. Une journée tout aussi confuse elle-même.

    Jeudi: On the move. Après dix ans dans les mêmes bâtiments, le bureau déménage et revient vers le centre-ville. Fini la commune plus verte, les rues calmes, et …. la vue sur l'autoroute. Je trie, je jette depuis une semaine et aujourd'hui je ferme mes caisses. Avec beaucoup de nostalgie. Comme chacun sait, je déteste fermer les portes.

    Vendredi: Après 48 heures d'antibiotiques, on commence à voir un léger mieux chez Mamy mais on est encore loin du compte. Moi, je rentre dans mes nouveaux appartements. Je suis gâtée, mon bureau est grand et j'ai pu garder la table ronde que j'aime tant pour les réunions. J'ai réussi à vider toutes mes caisses mais résultat des courses, je me suis cassé le dos. Anaïs et Simon ont passé la soirée avec nous et nous avons cuit les gâteaux pour l'anniversaire de Clara.

    Samedi: Matin coiffeur, j'ai de plus en plus de mal à me regarder dans le miroir les cheveux mouillés. Mon crâne apparent en transparence me désole et je ne sais toujours pas comment y remédier ou comment limiter les dégâts. Maité est venue passer l'après-midi pendant que l'Homme bricole des installations pour sa maman et que JD est au cinéma voir un film que Maïté n'aime pas. Elle s'est mise en tête de fabriquer des petits animaux en laine cardée pour son bébé et c'est tout simplement magnifique. Elle m'a laissé son premier essai, un panda super mignon. Le soir, l'Homme assure tout seul la construction du gâteau pour Clara, un super minion. Mignon, non ?

    Dimanche: Journée d'anniversaires. Celui de Clara l'après-midi puis le dernier des miens, moi qu'on fête tout au long du mois de janvier, chez ma belle-soeur, qui a tenu à maintenir la fête malgré l'alerte de mercredi. Mamy a fait bonne figure malgré une fatigue évidente. Et dans la journée, on a enfin réservé une maison de vacances en Normandie pour deux semaines en juillet. Un joli jardin anglais, une jolie maison, des bouquins, des chaises longues, et….. une jolie petite fille à découvrir…..

     

     

     

  • La mort, l’amour, la vie

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    La mort, l'amour, la vie…. Les jours se suivent, ne se ressemblent pas mais finalement le cycle de la vie est toujours présent. 

    Jeudi, on apprenait la mort de ce collègue qui s'est pourtant bien battu contre la sale bête. Un collègue aimé par certains, détesté par d'autres, surtout les femmes qu'il apostrophait vulgairement lorsque, les jours de fête, la bière coulait trop à flot. Une espèce d'ours mal léché qui abritait un grand coeur. C'est lui qui nous fournissait le champagne produit par son frère et sa belle-soeur.

    Le lendemain c'est Célestine qui perdait son papa tout doucement, sans faire de bruit.

    Vendredi, on rentrait le bois pour l'hiver. Parce que le cycle des saisons est là et qu'il faut bien que ça se fasse. L'Homme, Quentin, JD ont transféré les bûches de La Glanerie à Bruxelles de 18h à 4h du matin. Avant de reprendre la route pour le dernier trajet, ils ont pris un moment pour regarder la nuit sans nuages et traquer les étoiles filantes.

    Samedi, c'est une collègue de l'Homme qui se mariait avec l'homme de sa vie après plus de dix ans de vie commune et deux jolies petites filles. La mariée était splendide et personne ne pouvait deviner derrière son sourire la douleur matée à coups d'anti-inflammatoires et qu'en guise de voyage de noces, elle rentre mercredi à l'hôpital pour une lourde chirurgie au niveau du dos.

    Dimanche, nous étions invités chez la mamma de Graziella, que nous n'avions plus vu depuis longtemps mais qui ne change pas. A 85 ans, elle nous a préparé un repas de fête tout à l'italienne: la lasagne fatta a casa, les melanzane alla parmigiana, les saltimboccas, les poivrons marinés, le plateau de fromages italiens, les petits fours italiens, le vin italien et la musique italienne. Une immersion dans tout ce qui nous enchante.

    Et ce soir, skype avec Swiss'Sis qui revient de loin après une chute de 4 mètres, après avoir glissé d'un rocher et qui s'en sort avec des hématomes un peu partout, une dose massive d'arnica et des sueurs froides rétrospectives dans le dos. Mais comme elle le dit, quand c'est pas l'heure, c'est pas l'heure.

     

  • Accro au boulot

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    Plus qu'une semaine d'absence maladie et je n'en ai absolument pas profité. Le premier jour de cette incapacité de travail, dans mes rêves, j'allais lire une dizaine de livres, regarder toute une série de films en retard, faire des siestes de deux heures, feuilleter tous les magazines que j'achète et ne lis pas, ranger tous les tiroirs que mon handicap momentané me le permet, et toute autre activité qu'un mois de repos offert sur un plateau me faisait miroiter.

    Encore aujourd'hui, je me demande pourquoi je me suis refusé tous ces plaisirs. Je suis allée deux matinées par semaine au boulot et le reste du temps, j'ai télétravaillé presque tout le temps. Je me suis autorisé une séance chez le coiffeur et la sacro-sainte journée d'anniversaire d'Anaïs que nous avons passée ensemble. Même pour cela, je me suis sentie obligée d'avertir toute l'équipe que je m'absentais de l'écran pendant une journée.

    Je n'ai pas ce problème pendant les vacances. Jamais je ne regarde mes mails professionnels pendant les congés annuels. Les vacances sont sacrées. Alors, quoi ?

    Il semble que je ne m'accorde pas le droit d'être malade, à moins d'avoir une grosse grippe qui me cloue au lit – mais je me fais vacciner – , une gastro-entérite qui me cloue aux commodités – mais je suis totalement hermétique (!) à ce genre de problème -, ou une énorme migraine qui me clôt les paupières – mais un ou deux anti-douleurs en viennent à bout très rapidement. 

    Mais une épaule en compote et une fatigue post-opératoire n'affectent pas mes capacités cérébrales et ne semblent pas m'autoriser à déconnecter.

    J'essaye de comprendre comment expliquer ce comportement un rien ridicule et frustrant. D'accord, j'ai un chef de remplacement qui, outre ses fonctions de chef IT, se farcit un département services horizontaux incluant ressources humaines, communication et finances. C'est beaucoup pour ses frêles épaules et il fait cela pour les beaux yeux du Directeur, rien à gagner. Vu qu'il se donne à fond pro deo, j'ai pitié et j'essaye de ne pas alourdir son fardeau par mon absence. D'accord, je veux rester dans le loop et ne pas perdre une miette. Je me déplace surtout pour les cas difficiles où, vu tout ce que je sais des personnalités des uns et des autres depuis dix ans que je traîne mes oreilles, mon cerveau et mon coeur dans ces couloirs, je sais pertinemment bien que, dans d'autres mains, d'autres oreilles et d'autres bouches, certains problèmes ne peuvent que s'aggraver. D'accord, le lâcher prise n'est pas mon point fort.

    Mais plus que tout, j'ai été élevée comme ça. Le "ça va passer" à la moindre égratignure, au moindre bobo peu important, nous a enseigné à mes soeurs et moi qu'on ne s'effondre pas à la moindre douleur, on se tient debout, même sur une patte, au besoin on rampe avec son plâtre mais on va à l'école, on va au cours, on va bosser. Ou à la rigueur, temps modernes obligent, on télétravaille.

     

     

  • Semaines d’avent

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    Il y a eu ces longues journées de chasse aux cadeaux quasi exclusivement pour la St Nicolas de nos trois rois et consorts. De longues promenades en amoureux à la recherche de ce qui pourrait leur plaire.

    Il y a eu la St Nicolas, notre pré-Noël à huit. Parce que oui, nous ne sommes plus sept mais huit.  L'octave de notre chanson est arrivée, il y a presque un an. Et quelle octave ! Super brunch, super cadeaux des enfants pour les parents. Un pur bonheur à ne pas bouder.

    Il y a eu le retour au cours de portugais, après 6 semaines d'absence – congé de Toussaint, Venise, fermeture de l'école suite à la menace de niveau 4 à Bruxelles – et ce constat que non seulement je prends toujours autant de plaisir à y aller malgré l'heure tardive, la faim, le froid de canard pour rentrer mais aussi que j'y suis de plus en plus à l'aise tant à l'audition qu'à l'expression.

    Il y a eu le retour de Katia du Brésil, partie in extremis marier son fils et voir les photos où transparait tout l'amour entre ce Rodrigo et sa maman adorée m'a émue aux larmes.

    Il y a eu quelques spectacles drôles comme la Revue 2015 où j'ai ri aux larmes et Menace sur la Couronne où le marathon de jeux de mots couplé à une virtuosité fantastique de marionnettistes m'a littéralement coupé le souffle, sublime et scintillant comme le concert de Cecilia Bartoli, offert par Mamy, interpellants comme le Coming Out de Tom Lannoye et Cabaret au Théâtre National.

    Il y a eu ces moments difficiles au bureau, fin d'année, mécontents, mini-drames, et cette absence totale de reconnaissance pour tous les efforts consentis. Je ne fais rien pour en attendre de la gratitude mais j'ai exactement le même sentiment d'incompréhension que comme, pendant cette période de croisements intenses dans les magasins, l'on tient la porte pour le suivant en le gratifiant d'un sourire en prime, lequel sourire dégouline sur le trottoir, faute d'accrocher ne fût-ce qu'un regard.

    Et puis il y a eu ce dîner de fin d'année entre collègues que, pour une fois, j'ai décidé d'organiser à la maison. On a passé tout le dimanche en cuisine, l'Homme a préparé un excellent pain de viande et des chicons crème moutarde à tomber, on a mis les petits plats dans les grands, une sorte de répétition générale de Noël, pour une équipe ravie d'être reçue par "la chef", enchantée des petits soins et aux anges devant l'équipe de choc (l'Homme, Anaïs et Quentin) venue aider, dresser les assiettes, servir et surtout faire la vaisselle – parce que oui, bien sûr, le lave-vaisselle est tombé en panne 4 jours avant Noël – avant de partir au restaurant…. se faire servir. Et pour moi, le plaisir inestimable de voir ces 14 collègues tellement différents, disparates et difficiles à accorder ne plus faire qu'un autour de moi.

     

     

  • En vrac

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    Je n'ai plus le temps, je suis dépassée…..

    Je voudrais écrire mais tout se bouscule….

    Alors je jette mes pensées en vrac, sans rien structurer….

    Je suis fatiguée, le boulot est un tourbillon, je me surprends à m'arrêter subitement dans un couloir, à ouvrir la bouche pour avaler une goulée d'air. Comme si j'avançais en apnée.

    J'ai travaillé de 15h à 23h hier dimanche, sans m'arrêter à l'exception de dix minutes pour avaler 3 spaghetti que l'Homme avait préparés.

    Le boulot est plus qu'intense mais le stress relationnel que j'ai vécu depuis quatre ans avec les deux chefs précédents a disparu. Et c'est inestimable.

    Anaïs s'est fait opérer il y a dix jours d'un hallux valgus et tout se passe bien. Je la soupçonne de me dire qu'elle n'a pas mal pour ne pas m'inquiéter, moi qui envisage de faire la même chose en début d'année prochaine.

    Déjà un an que Hanka nous a quittés et elle est plus que jamais présente dans tous les petits cadeaux qui entourent notre vie quotidienne et qu'elle a semés pendant toute ces années.

    Mon épaule et mon biceps sont toujours bien douloureux et je ne sais pas trop comment je vais éviter l'infiltration. J'enrage.

    L'autre jour, quand Anaïs s'est fait opérer, je suis restée cinq heures dans les couloirs de l'hôpital et c'est un monde. Je me dis que si j'avais le temps, je me planterais pendant des heures dans ces endroits qui grouillent de monde et je prendrais des notes. Il y a tout le matériel pour les études sociologiques: les infirmiers et infirmières attentionnés, les imbéciles, les presque méchants, les pros, les chouchous de monsieur le docteur, il y a les patients polis, timides, impatients, agressifs, il y a les visiteurs polis, timides, impatients, agressifs, les conversations clichés, idiotes, discrètes, moins discrètes.

    On a repris le chemin des théâtres et des opéras. Pur bonheur. La Tosca, l'Elisir d'amore – divin -, les trois mousquetaires – ah d'Artagnan ! -, ….. 

    Je m'arrête là. Finalement, les pensées en vrac, ce n'est pas si mal. Je devrais peut-être me laisser faire de temps en temps…..