Catégorie : Arte

  • Family in Paris

    Jouer les Parisiennes pendant deux jours et trois nuits, maman, Sis’Cile et moi pour fêter les 60 ans de Swiss’Sis.

    Arrivée un peu plus tôt que nous à la gare de Lyon, la jubilaire est venue nous chercher à la gare du Nord. De là, on a rejoint nos pénates louées pour trois nuits au pied de la Tour Eiffel, un appartement au sixième étage d’un vieil immeuble. L’ascenseur ne peut emmener qu’une personne et une valise à la fois. Si on contrevient à la règle, c’est 500€ d’amende, ça commence fort. On s’installe vite fait et on trouve notre cantine dès le premier soir, une brasserie super sympa où on mange vraiment bien et où l’ambiance est très détendue. Sis’Cile décrète qu’on reviendra manger là les soirs suivants. Un des garçons a dû lire dans ses pensées et nous a dit « A demain ».

    Expo Greuze au Petit Palais, découverte de la nouvelle Notre Dame, expo Rock and drôle d’Antoine de Caunes au Bon Marché (tiens c’est bizarre, m’aurait-il volé mon titre ?), expo photos Vanessa Paradis, près de deux heures dans la Grande Epicerie (excitées comme des poules sans tête dans les rayons), un thé chez The Caddy Tea avec des scones et tout et tout, juste à côté de Shakespeare and Company, la Seine, les quais, le Marais, marcher, marcher, marcher, monter (surtout) et descendre les escaliers du métro parisien (bravo Maman !), grignoter des sandwiches au pâté (maman a vidé son frigo) sur des bancs publics en se foutant pas mal du regard oblique, soleil et ciel bleu tout le temps, une pièce de théâtre un soir avec Isabelle Carré et Bernard Campan (pur délice) et puis champagne et saumon fumé à l’appart.

    Un joli programme. Je crois que Swiss’Sis a aimé son cadeau mais la plus ravie était sans conteste la maman de ces trois filles en goguette. Si ça ne tenait qu’à elle, on pourrait fêter tous les anniversaires à venir in Paris.

  • Les petits plaisirs

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    Après tout un été de pioux, dix jours rien qu'à nous deux. Enfin presque. Voilà quelque temps que J et S insistent pour qu'on passe quelques jours avec eux dans cette île au large de la Sicile, plutôt difficile d'accès. Ils y ont loué un dammuso pour une dizaine de jours pour y convier quelques amis. Le hic, c'est qu'ils ont réservé aux mêmes dates où nous avons déjà depuis longtemps notre réservation dans notre sacro-sainte Venise. Et donc, un peu de guerre lasse, un peu pour ne pas les vexer, nous avons fini par amputer notre séjour à Venise de 3 jours, pris nos billets d'avion Venise-Palerme, Palerme-Pantelleria et Pantelleria-Venise. Et nous nous sommes embarqués, un peu la moue boudeuse. A tort, comme toujours, quand nous chaussons nos souliers de plomb. L'île est belle, même si nous ne la voyons pas avec les mêmes yeux amoureux que J. – mais nous pouvons comprendre puisque nous vivons cet amour inconditionnel avec la Sérénissime – mais surtout ils ont invité des amis que nous ne connaissions pas à l'exception d'un couple. Et c'est là que souvent la magie opère. Tous plus sympas les uns que les autres, de belles personnes, drôles aussi. Un couple de Romains, un couple de Roumains, un Napolitain et une Néerlandaise. Un arc en ciel d'horizons différents. Et on en repart plus riches qu'avant.

    Retour à Venise où nous avions laissé la voiture, changement de valises et nous voilà à nouveau dans la ville du bonheur. On retrouve notre sous-toiture, notre terrasse sur le toit. Et c'est parti pour dix jours d'expos, de restos et de journées lecture en mode lézard. Je suis toujours émerveillée de voir qu'on peut passer dix jours ensemble H24 sans jamais s'ennuyer ou avoir envie de souffler. Je suis bien avec lui et il me semble bien avec moi.

    J'ai dévoré trois livres: Limonov d'Emmanuel Carrère; la Danse de la Mouette d'Andrea Camilleri; et Pierre-Auguste Renoir, mon père de Jean Renoir. A la descente, on s'était arrêté pour voir une expo sur les Regards Croisés de Renoir et Cézanne. Et j'ai acheté le livre pour poursuivre cette plongée dans la magie de Renoir.

    On s'est offert cinq expos tout aussi différentes qu'intéressantes:

    • Une installation d'Eva Jospin assez féérique, une forêt faite de tableaux brodés et de cartons finement ciselés. Un magnifique travail et une impression de toute beauté.
    • Une rétrospective sur l'oeuvre de Robert Indiana, connu surtout pour sa sculpture du mot LOVE, reprise sous des dizaines de forme, mais qui a créé bien plus que ça en grand maître du pop art. J'ai adoré.
    • Une installation complètement folle reconstituant un soi-disant mont de piété à l'endroit même de l'ancien Mont de Piété de Venise, devenu la Fondation Prada (!), un amoncellement d'objets totalement disparates, des piles de journaux, des outils, des collections de luges, des vélos, des bijoux de pacotille par  centaines, des civières de la Croix-Rouge, des monceaux de vêtements, j'en passe autant que j'en oublie. 
    • Une exposition sur l'artiste de rue Ernest Pignon-Ernest, des portraits magnifiques dessinés au fusain de Pasolini, Alma Akhmatova ou Forough Farrokzhad, poétesses l'une russe, l'autre iranienne, faisant écho à mes lectures toutes récentes. Je ne les connaissais pas avant de les lire cette année et je les retrouve par hasard – mais est-ce un hasard ? – dans  cette expo.
    • Une grande foire d'artisanat du monde entier organisée sur le thème de la vie à la mort. Beaucoup de belles choses en peu de temps.

     

    Et last but not least, on s'est régalé dans quelques restaurants, connus ou découverts, mais pour la plupart exquis dans l'assiette et dans le verre.

    Bref, encore un séjour haut en bonheur. 

     

  • Amours, amitiés, santé, petits plaisirs

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    Samedi: Les valises sont défaites, les machines ont presque fini de tourner, y'aura plus qu'à repasser. Je savais le vendredi soir que dès que nous aurions passé le seuil de la maison, le rythme reprendrait sa course folle. Ce matin, à la première heure, rendez-vous chez le coiffeur pour remettre un peu d'ordre dans la couleur de mes cheveux, rendre visite à ma belle-mère et remplir le frigo pour accueillir la tribu demain. Retrouver Maïté et les filles chez nous, impatientes de nous revoir. Anaïs et sa troupe nous rejoignent avec l'intention programmée de nous laisser Samuel et Amalia pour leur permettre de participer à une course de 10 km le lendemain matin. Finalement seul Simon participera et Anaïs conduira Jules à un anniversaire à …. 8 heures du mat'. Nouvelle mode. Au final, Sappho et Lémoni demandent à pouvoir rester dormir aussi. Amalia s'est endormie avant que ses parents ne partent et ne s'est rendu compte de la supercherie que le lendemain matin et m'a bien fait comprendre qu'elle appréciait peu ce genre de procédé. Tout dans les yeux. Mais au moins elle ne pleure pas. Puis elle a fait contre mauvaise fortune bon coeur et a accepté de me parler, toujours avec les yeux. 

    Dimanche: On s'est tous retrouvés pour fêter les 67 ans de l'Homme/papa/nonno. Il était heureux. Et moi aussi. Ils étaient même là très tôt parce que Simon court vraiment très vite. Et que les autres étaient pressés d'arriver aussi. On a passé un bon moment, les petits avec les petits, les grands avec les grands et les petits avec les grands. On a profité de la présence de tout le monde pour valider un projet de weekend tous ensemble dans les Ardennes en novembre pour fêter nos 40 ans.

    Lundi: Petit marathon de plaisirs divers et variés: Lunch à midi avec M., pas très en forme. Maman en convalescence en Italie, où elle habite, après une vilaine chute et compagnon en dépression après un double pontage. Stressée par le boulot, bref, pas joyeux tout ça. Mais contentes de se voir. Je file chez l'esthéticienne puis je cours – pas trop – chez l'orthopédiste pour recevoir une infiltration dans le deuxième genou. Les résultats obtenus pour le premier genou étaient suffisamment concluants pour tenter le deuxième. Et comme cette fois, je sais que ça ne fait absolument pas mal, je suis plus détendue. Entre tous ces rendez-vous, il y a chaque fois 45-50 minutes de métro ou de bus et j'en profite pour me plonger dans un bouquin, autre petit moment de plaisir. L'homme vient me chercher pour terminer la journée autour d'un plat de pâtes chez J et S. Eux non plus ne sont pas en grande forme mais ça passera.

    Mardi: Je retrouve Quentin à la salle de sport mais je ne le vois que quelques minutes. Je suis venue plus tôt que prévu parce que je devais être à la maison à midi et il a un autre client que sa maman préférée à cette heure-là. Mais je suis contente de retourner à la salle après un peu plus de deux semaines d'absence. Je rentre retrouver mes filles qui sont venues télétravailler et Katia qui nous fait une belle séance de manucure et pédicure à tous. Entre deux réunions, mes deux Disneyphiles se montent l'une l'autre un projet de séjour à Disneyland après l'été, alors qu'elles s'étaient juré d'attendre 2025. Mais c'est parti, nous voilà sur un nouveau séjour, mais en appartement cette fois, pour éviter les repasbondutout ou les salades passées en catimini dans les chambres d"hôtel. Et avec Maoh cette fois. 

    Mercredi: Le matin, je retrouve Andrea pour un café – déjà un an depuis le dernier – qui s'éternise jusqu'à midi. Il prépare sa retraite, me raconte son voyage en Inde, sa pratique du yoga, sa maman et le temps file. De là, je rejoins B et Z pour un lunch. Elles me racontent les potins du bureau, leurs enfants qui grandissent et leurs vies de maman. Elles sont belles. Je rentre, le temps de me laver les dents et nous voilà partis chez le dentiste. Il est bavard comme un pinson et on passe plus de temps à l'écouter, la bouche ouverte – nous, pas lui – qu'à se faire détartrer. Puis je rejoins Sis'Cile chez maman et on ouvre le champagne pour son anniversaire. 

    Jeudi: Je pars pour la salle mais c'était sans compter un incident dans le métro et j'ai dû marcher plus d'une demi-heure avec une paire de baskets neuves qui n'avaient pas l'intention de marcher si longtemps au départ. Non seulement, je suis arrivée trop en retard pour que Quentin ait le temps de s'occuper de moi, mais de toute façon, j'étais trop fatiguée et cerise sur l'orteil, je me suis bien blessée au pied. Retour à la maison, en mode grognon. Mais j'ai convaincu l'Homme d'aller au cinéma l'après-midi, un truc qu'on ne fait jamais. Nous sommes allés voir "C'è ancora domani" et c'était un très très bon moment.

    Vendredi: Quentin m'a proposé de venir le lendemain mais très tôt. J'ai pris mon courage à deux mains et me suis levée alors qu'il faisait encore un peu noir. Je suis rentrée et repartie retrouver J pour une expo sur les Surréalistes. C'est fou comme une expo à Bruxelles est nettement moins mise en valeur qu'à Venise. Ou alors suis-je de parti pris ? 

    Amours, amitiés, santé, petits plaisirs, les perles du collier de ma vie…..

  • Quel cirque !

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    Du pain et des jeux. En l'occurence du pop corn et des numéros. De cirque.

    Si l'expression latine d'origine est plutôt péjorative, je veux néanmoins l'utiliser dans un sens plus ludique, concentré du plaisir éprouvé ce dimanche lors de cet après-midi en famille au cirque. 5 enfants de 2 à 6 ans, 5 adultes de 31 à 66 ans, tous bon public. La palme d'or du plaisir allait à l'adulte de 31 ans et au petit bouclé blond de presque 6 ans qui riaient tous deux du fond du coeur aux facéties du clown Angelo. Jules et Sappho, tous deux élève et ex-élève de l'école du cirque ont écarquillé les yeux et bé la bouche (les puristes du petit Grévisse ou du Bescherelle, passez votre chemin, je sais que béer est un verbe défectif mais j'aimais bien cette nouvelle version) devant les prouesses extraordinaires des acrobates aériens, vertigineux ou poétiques et des équilibristes casse-cou. 

    Mes yeux n'ont pas arrêté d'aller et venir entre les numéros présentés et le regard émerveillé de mes pioux. J'adore cette magie de deux heures qui fait pétiller les yeux. 

    Quand on a repris le chemin vers la voiture, nous avons coupé par un raccourci qui traversait le campement des artistes et leur longue rangée de caravanes, les unes plutôt luxueuses, les autres beaucoup moins. Certains artistes fumaient une petite cigarette, un manteau terne jeté sur leur tenue de scène pailletée, en attendant la reprise de la séance du soir. Et je me suis souvenue. J'ai repensé à mes 15 ans quand ce même cirque campait le long de l'hôpital où travaillait ma maman, sur le chemin que j'empruntais matin, midi et soir pour aller à l'école. Je me souviens de m'être enflammée pour un acrobate, un peu moustachu et même pas beau, et lorsque j'ai fini par repérer la caravane qu'il habitait, je n'ai cessé d'espérer le croiser à chacun de mes passages. Puis le cirque a repris la route, moi j'ai trouvé une petite caravane miniature bleue comme la sienne dans un magasin de Dinky Toys et je l'ai gardée précieusement. J'ai complètement oublié l'artiste mais la caravane, je l'ai toujours …..

  • Rentrée des pioux, sortie pour nous

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    Rentrée des classes pour quatre des pioux dont une à l'école primaire, l'autre à l'école maternelle. Une rentrée toute en douceur. Petit bémol tout de même: après deux semaines, Le meilleur ami de Sappho, dont elle est inséparable depuis leur entrée à la crèche, a changé d'école du jour au lendemain, sans signe avant-coureur, sans même avoir eu le temps de dire au revoir. Ce n'est pas comme s'ils n'allaient plus se voir du tout mais le choc est grand malgré tout quand le matin on arrive à l'école et il n'est plus là. Et même si Sappho ne montre pas trop de désarroi, on ne sait pas ce qu'il se passe derrière ses beaux yeux bleus un peu perdus….

    Sortie pour nous, maintenant que nous avons rendu nos tabliers de grands-parents d'été. Alors en route pour la Bourgogne pour retrouver Gérard et Martine que nous n'avons plus vus depuis 15 ans pour lui, 20 ans pour elle. On s'est rencontrés en Italie, lui et moi comme collègues, elle et l'Homme au cours d'italien. Elle a vite trouvé un boulot d'institutrice au Lycée Français et Quentin l'a adorée dès le premier jour. Après cinq ans, nos chemins se sont séparés, nous sommes rentrés en Belgique, eux ont encore fait un petit tour de deux ans en Jordanie avant de rentrer dans leur Bourgogne. Les retrouver a été un pur plaisir. Deux nuits chez eux, deux journées enivrantes dans tous les sens du terme.

    Puis nous avons mis le cap sur l'Italie. Après une nuit dans un agritourisme absolument délicieux, nous avons pris le bateau à Ancône vers la Grèce. Trois petits jours dans Athènes la magnifique avant d'assister à ce concert tant attendu. Concert inoubliable dans un endroit magique, l'Odéon d'Hérode Atticus, juste sous l'aile de l'Acropole. Je n'en reviens toujours pas d'avoir vécu ce moment. 

    Seul bémol, une bronchite bien malvenue m'a empêchée de profiter comme j'aurais voulu de ces 3 jours à Athènes. 

    Retour à la maison pour une petite semaine, le temps de fêter avec retard nos amis lions, de retrouver les enfants et les pioux et de convertir le cadeau de mes collègues en 2 billets d'avion pour le Sud de l'Inde. Et de refaire les valises pour Venise !

    Elle est pas belle la vie de pensionnés ?

  • Ceci est une première

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    Dans la famille des Chicoufs, je demande l'aînée. Six ans, toutes ses dents de lait, des yeux malicieux, un rire qui me fait fondre. Six ans, c'est l'âge où j'ai décidé qu'ils pouvaient décemment passer une journée avec Nonno et Bonnie. Elle ouvre donc le grand cycle des sorties où le temps leur est totalement consacré sans cousin, sans cousine, sans soeur et sans frère.

    Nous avions prévu d'aller la chercher à l'école à midi et de l'emmener d'abord au restaurant. Nonno a eu un imprévu et nous y sommes allées sans lui. Epreuve resto réussie: elle se tient bien, elle dit merci et surtout surtout elle enroule ses spaghetti autour de la fourchette bien mieux que tous les adultes présents dans la salle. A défaut de l'avoir dans le sang, elle a appris l'Italie comme on l'aime. Elle s'est même fendue d'un timide "grazie" qui lui a valu un "arrivederci signorina" en partant. On a ramené un plat à emporter à Nonno qui mourait de faim à la maison puis nous sommes montés – avec lui cette fois – vers le musée Magritte. 

    C'était peut-être un peu tôt pour elle – le temps de contemplation devant chaque tableau n'a pas dépassé la minute et demie – mais elle en aura retenu l'essentiel. Bien sûr elle a dit "Mais si, c'est une pipe !" avant qu'on ne lui explique la Trahison des images. Elle a aimé le trou de serrure qui laisse apercevoir une …. clé et je lui ai montré mes deux préférés, l'Empire des Lumières et le Domaine d'Arnheim. Mais quand, à la sortie, je lui ai proposé de choisir 3 cartes postales en souvenir, elle a choisi des tableaux tout à fait inattendus. Par contre, à peine sortie du musée, elle avait déjà oublié le nom du peintre alors qu'elle identifiait sa signature sur chaque tableau. Quand l'Homme a voulu l'aider et lui a dit que son nom ressemblait un peu à une petite fleur au coeur jaune et pétales blanches, on a évité de justesse le René Pâquerette !

    On a terminé l'après-midi au parc où on a pu admirer, nous pour la première fois, elle pour la seconde, les sculptures du Chat de Geluck !

    Je crois qu'elle a aimé cette journée, moi j'ai adoré et j'ai déjà envie de fêter les six ans et demi pour ne pas devoir attendre les sept.

     

     

  • En avril, je perds le fil

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    Voilà à nouveau six semaines de passées. Je m'étais pourtant efforcée d'être plus assidue ici. Mais le temps m'échappe. Quoi de neuf, donc ?

    On arrive tout doucement à la fin des travaux de rénovation de la façade, ce qui veut dire qu'ils vont bientôt démonter l'échafaudage et la bâche sous laquelle nous étions enfouis depuis septembre dernier. Il était temps, la déprime nous guette en l'absence de lumière. Et je ne parle même pas du nombre de fois où l'appartement s'est recouvert d'une fine couche de poussière de travaux. 

    Pâques a enfin pu inviter les cloches au jardin et c'était quand même bien plus sympa qu'en appartement ou en confinement. J'ai adoré voir les deux grands s'entr'aider pour attraper des oeufs arrêtés dans leur chute au creux d'arbres ou sur des branches hautes. Ils se sont fait la courte échelle, ils ont grimpé sur le dos de Nonno, et se sont même occupé des plus petits, dont c'était la première chasse aux oeufs?

    Nous sommes allés au mariage du fils de mon amie d'enfance et c'était bien. La retrouver elle, la voir émue au bras de son petit dernier, et tout simplement s'amuser comme on s'amuse dans un mariage où on est invité, sans être partie prenante. Il y avait longtemps.

    J'ai vu trois concerts: Marisa, diva du fado, un hommage à Toots Thielemans et dans la foulée Goran Bregovic dans le cadre de Balkan Trafic. Très éclectique mais tellement bien !

    J'ai invité mon mari au restaurant pour son anniversaire à la toute dernière minute, genre "Tu fais quelque chose ce midi ?" à 11h30. Je l'ai amené chez un petit Italien, où Cat m'avait emmenée pour mes 60 ans, et il a adoré. Le patron, un peu dingo, les plats qu'on ne choisit pas (le chef décide si toi tu mangeras de la viande ou du poisson), le vin que tu ne choisis pas (pour le coup, il était un peu déconcerté et sur la défensive, difficile pour un homme qui décide tout de se laisser guider). Il avait au départ un lunch avec des copains, moi avec une collègue. Son lunch a été annulé, en trois clics, j'ai annulé le mien, demandé congé l'après-midi et réservé une table. 

    Et last but not least, j'ai envoyé ma demande de mise à la retraite. 

     

  • Les pépites culturelles des dernières semaines

     

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    Nuages et feuilles, d'Akemi Noguchi, 2005, Manière noire

    J'ai vu tant de belles choses ces dernières semaines que je ne résiste pas au plaisir de les partager.

    Un opéra de Carl Maria von Weber, Der Freischütz, premier opéra en allemand. Rien à voir avec le romantisme allemand à la Wagner. C'est très joyeux, même si l'intrigue n'est pas légère puisqu'il s'agit d'un thème très faustien du don de son âme au diable, mais même si les airs sont incroyablement gais comme chez Verdi – qui n'a pas son pareil pour chanter l'horreur, le drame et la tragédie sur un ton on ne peut plus guilleret – (genre Murat dirait: "Ah je ris de me voir si blanc dans cette baignoire…."), au moins ici le rideau tombe sur un happy end. Et cerise sur le gâteau ou boule de cristal sur le dos de la main, la prestation totalement magnifique de Clément Dazin, jongleur, danseur, circassien, dans le rôle du Diable.

    Une pièce de théâtre adaptée de 1984 de George Orwell. Une adaptation super bien montée qui fait froid dans le temps. Incroyable comme ce roman écrit en 1948 était si visionnaire et à quel point la réalité a dépassé la fiction. Quand j'ai lu le livre il y a plus de 30 ans, je n'ai pas été particulièrement impressionnée mais là, 3 décennies plus tard, j'étais presque terrorisée à l'idée de cette intrusion dans notre vie. Bon, ce n'est pas comme si je ne le savais pas, je suis consciente de m'exposer – peu mais toujours trop – sur les réseaux sociaux, je connais – un peu mais pas assez – les rouages parfaitement huilés qui font tourner la machine, les algorithmes qui rythment nos vies virtuelles, mais là, c'était plutôt flippant.

    Otello de Verdi à Viva l'opéra avec un de mes ténors chouchous, Jonas Kauffmann. Trois heures à l'écouter, trois heures à le regarder surtout, je deviens une midinette du troisième âge. Comme m'a dit récemment un collègue assez jeune, au sortir d'un quintuple pontage, le plus étrange est d'avoir un cerveau de gamin(e) dans un corps de senior. Et ce stupide Otello que j'ai toujours tendance à considérer comme un imbécile fini a pris sous ses traits et par son jeu scénique une dimension plus humaine, me donnant à considérer la jalousie comme une maladie dont souffre vraiment le vilain jaloux plutôt que comme une tare insupportable à vivre pour les victimes de ce sentiment.

    Ce qui arrive: Une pièce très originale en ce qu'elle est l'adaptation très fidèle d'un roman graphique américain écrit il y a une dizaine d'années par Richard Mc Guire, Here.  Le concept du roman est déjà très particulier. Chaque planche présente un même lieu mais des personnages habitant ce lieu à des moments différents et sans réelle chronologie. Il s'agit en majeure partie de la même maison où se suivent plusieurs générations. La transcription de ce roman graphique en pièce de théâtre est un véritable succès et j'ai adoré ces scènes de famille en va-et-vient incessants qui nous renvoyaient à notre propre histoire de tribu familiale avec les références musicales, vestimentaires, comportementales et autres qui s'imposent. Un bijou.

    Un livre à faire circuler absolument: Le garçon de Marcus Malte. Pas tant pour l'histoire que pour l'écriture magistrale, une pépite vraiment. J'ai au moins appris une centaine de mots nouveaux dans ce livre, tous utilisés avec un à-propos incroyable. Je ne m'attendais pas à ça, sachant que la collègue qui me l'a passé n'est pas à proprement parler la reine de l'éloquence. Mes bêtes préjugés non maîtrisés en ont pris un coup et je me suis bien flagellée mentalement.

    LUCA: La meilleure pièce de l'année selon moi. L.U.C.A. signifie Last Universal Common Ancestor. Deux petit-fils d'Italiens immigrés dans les années 50-60 revisitent de manière génialogique la problématique des origines et se trouvent un L.U.C.A.dans les montagnes de Zagros en Iran. Sorte de documentaire joyeux et sérieux à la fois qui aborde aussi l'incroyable refus de ces anciens immigrés de considérer les migrants d'aujourd'hui dans une situation similaire à la leur. A voir et revoir.

  • Intensité maximale

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    On ne peut pas vraiment dire que les jours de cette semaine se sont ressemblés mais chaque jour, à sa manière, m'a fait vibrer intensément. Pour le meilleur et le moins bon, pour des joies immenses, des bonheurs inattendus, des découvertes qui vous font monter les larmes aux yeux, d'autres qui vous font pleurer de rire, et enfin des moments plus difficiles. Mais le moins qu'on puisse dire, c'est que c'était une semaine où l'on a vécu.

    Samedi: Anaïs nous envoie la photo d'une jolie bague accompagnée d'un message à tous les cinq: "J'ai dit oui !". Personne ne réagit, tout le monde croit qu'elle nous montre la jolie bague qu'elle a reçue et qu'elle fait de l'humour à deux balles puisqu'on sait tous bien qu'elle et Simon n'ont aucune intention de se marier. Mais on perçoit au fur et à mesure des échanges qu'elle se vexe que personne ne la prend au sérieux et on finit par douter. Maïté est avec nous et on décide de l'appeler. Et de fait, c'est tout sauf une blague, c'est une bague et une demande en mariage. Alors, on ne peut pas dire que nous ne sommes pas heureux, un bébé en construction, un mariage en préparation, des enfants heureux font des parents plus qu'heureux.

    Dimanche: On passe la journée en cuisine puis on fête Anaïs à huit autour de la table. Encore un de ces moments qui nous rend si heureux.

    Lundi: Au risque de me répéter, je n'échangerais pour rien au monde ces journées d'anniversaire passées avec mes filles. Je voudrais en faire autant avec Quentin mais avec un anniversaire fin juillet, nous sommes toujours en vacances, jusqu'à récemment toujours avec lui et l'occasion d'une journée mère-fils ne s'est jamais vraiment présentée. Mais j'adore cette journée de pause rien qu'à deux.

    Mardi: Rencontre avec un médecin que Joséphine m'a recommandé. Première fois depuis longtemps que quelqu'un m'écoute pendant une heure et demie. Et ce temps est inestimable. Le soir, Reines de Pique au théâtre. Deux vénérables monuments des planches, comptabilisant l'une et l'autre plus de 50 ans de théâtre, ont tenu la scène et le public émerveillé pendant deux heures ininterrompues. Sublime…..

    Mercredi: Je suis en pleine saison d'évaluation de chaque membre de mon équipe. En général, le dialogue qui précède la rédaction d'un rapport d'évaluation se passe plutôt bien, vu que la plupart sont quasi irréprochables. Mais aujourd'hui, la difficulté consistait à dire à quelqu'un dont la confiance en soi est assez défectueuse que son côté grincheux et revendicateur permanent me mettait dans un état d'exaspération de plus en plus difficile à contenir. Après deux heures de conversation pénible, elle est repartie dans son bureau. De ma fenêtre, je vois sa fenêtre. J'ai vu le cordon du téléphone en traction et un mouchoir dans une main. J'ai compris qu'elle pleurait. J'ai pris mon courage à deux mains et je suis allée la voir pour reprendre notre dialogue de sourds….

    Jeudi: Cosi fan tutte à l'opéra-cinéma accompagné d'une chorégraphie de AnnaTeresa De Kersmaeker. Nous avions vu son dernier spectacle et nous avions détesté. Le premier quart d'heure de Cosi fan tutte, on a tous les deux pensé qu'à l'entracte, nous serions partis. Et puis, soudain, tout s'est emballé et notre coeur a suivi. Elle avait dit dans une interview précédant le spectacle qu'elle ne voyait pas ce qu'elle aurait pu  faire après cela, tant sa chorégraphie était aboutie. Et elle avait raison. La combinaison de la musique, des chanteurs et des danseurs était totalement inattendue, émouvante, transportante et inouïe. J'ai adoré.

    Vendredi: Dernier spectacle de la semaine. Deux heures de one woman show, deux heures de rire ininterrompues. Une ancienne avocate qui met en scène des moments vécus de sa vie de barreau et décape notre société belge, bruxelloise et brabant wallon. Hilarant !

  • M. et Mme Rêve

    Ce fut un weekend bien occupé. 

    Le vendredi soir, on a cassé le cochon-tirelire pour notre étoilé annuel. L'élu de cette année a été le Sea Grill d'Yves Mattagne. Serions-nous devenus blasés? Malgré les multiples découvertes dans l'assiette – une meringue de betterave rouge, un cube de granité au café, une mousse de yuzu, un pétale de radis – , ce ne fut pas l'éblouissement de nos premières fois chez Bon bon. Bien sûr c'est un bon restaurant, mais très en dessous de nos attentes. 

    Tout était bon, sans plus, mais l'addition était franchement salée par rapport à ce que nous avons mangé. Et l'originalité n'était pas au rendez-vous. En prime un service obséquieux, dépourvu de classe, robotisé, et surtout totalement non chaleureux. Une étoile de trop, certainement….

    Samedi matin, petite démonstration culinaire à l'institut culturel coréen. Sans trop d'intérêt si ce n'est que, malgré son air très critique, l'attention soutenue de l'Homme m'a confortée dans l'idée qu'il aimerait vraiment suivre un vrai cours de cuisine alors qu'il prétend fermement le contraire.

    Samedi soir, pièce de théâtre en italien à l'institut culturel italien (décidément !). Spectacle bon enfant et bon exercice de compréhension à l'audition.

    Et cerise sur le gâteau, le dimanche après-midi: un spectacle époustouflant des danseurs Marie-Claude Pietragalla et Julien Derouault, M. et Mme Rêve.

    Partis d'une phrase de Ionesco "Tout ce que nous rêvons est réalisable.», ces deux chorégraphes extraordinaires ont monté un spectacle avec les ingénieurs de Dassault Systèmes qui unit le monde de la danse et de la 3D, de l’expression corporelle et de la programmation logicielle.

    C'était tout simplement magique. Emouvant. Poétique. A couper le souffle.