Je fais l'autruche. J'ai toute une série de décisions à prendre, je dois me positionner sur toute une série de dossiers, je dois dire clairement ce que je pense. Et je n'y arrive pas. On a dit que l'autruche enfouit sa tête dans le sol quand elle a peur. Mais c'est faux, quand l'autruche a peur, elle s'enfuit à toutes jambes, c'est bien plus malin. Moi, non, je reste tétanisée et si je ne mets pas littéralement la tête dans le sol, le résultat est le même. Je refuse de réfléchir, je ferme les yeux, j'attends que la tempête passe. En vain. J'ai peur de me tromper, j'ai peur de quitter pour vivre autre chose, j'ai peur de blesser, j'ai peur de me disputer avec mes proches.
Dans un des derniers romans que j'ai lu, la protagoniste disait "Devant les contrariétés, je courbe la tête, je me roule en boule. J'attends que passe le souffle du vent, que déferle la vague. Quelle est la nature de cette force qui me plie sans combattre ? Lâcheté ou résignation ? Soumission ou fatalisme ? Ou simplement l'instinct de survie et le dédain de la bravoure inutile ?" Je m'y suis tellement retrouvée.
Je vis avec un homme qui va au combat toutes les cinq minutes. Bien sûr, il combine les signes du coq (!) dans l'astrologie chinoise et du bélier (!) dans le zodiaque occidental. Il vole dans les plumes de quiconque a un avis différent du sien, persuadé qu'il a toujours raison. Les prises de bec sont son passe-temps favori. Et souvent, je me retrouve prise en étau entre lui et le merle d'en face. Quand je suis d'accord avec lui, c'est plutôt facile, je tempère ses coups de patte et j'exprime plus posément ses arguments. Quand je doute et que je pense que l'autre a peut-être raison, je me sens comme déloyale vis-à-vis de tous. Vis-à-vis de lui qui ne comprend pas que je puisse imaginer une seconde donner raison à l'autre, vis-à-vis de l'autre que j'hésite à défendre bec et ongles, ne sachant pas moi-même que penser.
Bref, je fais l'autruche. Parce qu'en vrai, si l'autruche enfouit la tête dans le sol, c'est en attendant que la tempête passe. Mais parfois la tempête ne passe pas et il faut l'affronter si on veut avancer. Et je vais y laisser des plumes, c'est certain.

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