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  • Septendrement

    Ce mois de septembre qui se termine a été très riche. De douleurs, de douceurs, d’émotions, de tendresse.

    Il y a eu l’enterrement de ce cousin tant aimé qui, comme souvent, a coïncidé avec des retrouvailles de toute une partie de la famille qu’on voit moins mais qu’on revoit toujours avec un plaisir non dissimulé.

    Une de mes sorcières bien-aimées a perdu sa maman et sa détresse m’a désarçonnée. Sa maman n’était plus présente au monde depuis quelques années et pourtant c’est quand elle est partie physiquement que le chagrin s’est enfin manifesté.

    J’ai enfin sauté le pas et j’ai rejoint un cours de danses grecques. Cela faisait si longtemps que j’en rêvais. J’ai enfin trouvé l’endroit et le temps d’y aller. Pour le moment, il n’y a pas de débutant et pas de cours approprié mais on m’accueille dans le groupe des dégourdis avec beaucoup de chaleur et de gentillesse et je me débrouille vaille que vaille. Et je suis aux anges.

    Anaïs m’a demandé son aide pour emmener ses trois enfants au premier cours de piscine extra-scolaire. La piscine a plus de 100 ans et est magnifiquement restaurée. Et c’est la piscine où j’allais enfant, dans le cadre scolaire. Rien que de mettre les pieds dans ce lieu culte – où je n’ai pourtant rien appris – a soulevé tout un tas d’émotions. Et de voir Amalia, paniquée dans ce monde inconnu, alors qu’elle adore l’eau et n’en est pas à son premier contact avec une piscine, m’a serré le coeur en souvenir de la petite moi. Heureusement, le deuxième essai a été plus concluant.

    Vacances enfin. Venise bien sûr mais un « petit » crochet par Nuremberg. Pour la deuxième fois consécutive (en 30 ans tout de même), nous ne verrons rien de cette magnifique vieille ville. Au siècle dernier, c’était moi qui me suis réveillée avec 40 de fièvre et nous sommes rentrés dare-dare et cette fois, c’était l’Homme qui grelottait et qui a dormi 14 heures d’affilée. Le lendemain nous avons rejoint l’Autriche où je tenais absolument à retrouver le camp de prisonniers où mon grand-père avait été conduit dès le début de la guerre avant de rejoindre une ferme non loin de là comme prisonnier mis au travail. J’avais pris sa plaque d’immatriculation avec moi comme un talisman. Mais sur place, il n’y a plus rien. Juste un panneau d’artiste à chaque coin de l’espace vert là où se trouvait le camp. Un bien piètre devoir de mémoire. Le soir, nous dormions à Vienne où nous avons flâné la journée du lendemain avant d’assister à un concert de mon chanteur grec préféré dans la Konzerthaus, là où se donne chaque année le concert du Nouvel-An. Double plaisir.

    Et puis direction Venise. Cette année, le soleil ne nous a pas beaucoup gâtés et la pluie était souvent au rendez-vous. Les expos en cours, nous les avions déjà vues pour la plupart en avril et les flâneries sans but dans Venise sous la pluie, c’est nettement moins drôle. Et l’Homme est retombé malade. Aujourd’hui, il a dormi toute la journée. C’est sans aucun doute le meilleur des traitements mais cela rajoute une petite pointe de déception à ce séjour. Il nous reste encore trois jours pour en profiter.

  • Mon « vrai » cousin

    En fait, c’est mon petit cousin. Le cousin de ma maman. Sa maman à lui était la soeur de ma grand-mère. C’est comme ça dans les grandes familles. Une maman peut accoucher trois mois avant sa nièce.

    Des cousins, j’en ai eu cinq. Mais l’aîné est arrivé quand j’avais 9 ans. Alors forcément, j’ai plus été leur baby-sitter que leur partenaire de jeux.

    Alors, oui, avec ses trois mois de différence avec moi, c’est ce que j’appelle un vrai cousin (au sens où mes propres petits enfants vivent leur cousinade).

    Pourtant curieusement, on ne s’est pas beaucoup vus enfants. Nous n’habitions pas la même ville, nos parents n’étaient pas de la même génération, bref. Seule ma grand-mère m’emmenait parfois lorsqu’elle allait rendre visite à ses soeurs, toutes vivant dans les cantons germanophones de la Belgique. Mais j’ai des souvenirs très précis de ces rares moments. Ce cousin était très drôle et j’aimais beaucoup rire.

    Ce n’est qu’à l’âge adulte que nous nous sommes vus plus souvent et que nous nous sommes découvert bien plus d’affinités encore que pendant l’enfance. Nous nous sommes invités à nos mariages respectifs et à partir de là, nous nous somme retrouvés bien plus régulièrement. Il est devenu le parrain de mon fils et l’Homme est devenu le parrain d’un des siens.

    Il est parti le dernier dimanche d’août, après une longue bataille de 6 mois. J’ai eu beaucoup de mal à y croire. Difficile d’imaginer ne plus l’entendre rire, difficile de penser qu’il ne m’amènerait plus de boîtes de 20 bâtons de chocolat à la banane (même si cela fait belle lurette que je n’aime plus ça – et d’ailleurs la chocolaterie à côté de chez lui a fermé) ni 6 tartes au riz, spécialité de sa région (mais t’inquiète, ça se surgèle !). Difficile d’accepter qu’un pan de vie se termine.

    Ma belle-cousine est magnifique de résilience. Elle force le respect. Elle a dit qu’elle était l’ombre et lui l’éclat. C’est vrai qu’il était lumineux. Mais elle n’est pas l’ombre. Elle est un soleil d’hiver qui réchauffe le coeur et fait tellement de bien quand on a froid.

  • Les montagnes russes

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    Un joli dimanche de Pâques ensoleillé et chocolaté, avec des pioux enchantés mais malheureusement sans mini-Oona et sa maman qui sortaient d'une hospitalisation de 3 jours en raison d'un vilain virus. Evidemment, elle n'aurait pas participé à la chasse aux oeufs (à 6 semaines, ce serait un rien prématuré) mais sa maman, elle, a dû renoncer au plaisir de voir son aîné participer à sa première vraie chasse.

    Après ce beau moment, retour au bercail, préparer les valises pour deux semaines à Venise, tout heureux à la perspective de ce moment à deux. Le lendemain matin, l'Homme charge les valises dans le coffre, je prépare le pique-nique pour la route. Voiture chargée, il revient et prend un médicament pour calmer la toux qui va lui compliquer la route. Dans la minute qui suit, il le rejette violemment, frissonne et fait une poussée d'urticaire géant sur tout le corps. Et très vite, il n'arrive plus à respirer correctement. Sa détresse respiratoire prend une telle ampleur que je n'ai plus d'autre choix que d'appeler une ambulance. 

    Je suis tombée sur un message d'attente qui n'a probablement pas duré plus de 3 à 4 minutes mais cela m'a paru une éternité. Je ne le quittais pas des yeux et mon stress augmentait au fur et à mesure qu'il respirait avec difficulté et que je restais en attente. Mais dès que je suis entrée en contact avec le service d'urgence, je me suis légèrement détendue. L'interlocutrice m'a posé quelques questions très précises et les ambulanciers sont arrivés dans les dix minutes. Sans stress, sans avoir l'air de se presser, ils se sont occupés de lui et l'ont emmené vers l'hôpital le plus proche. 

    Une fois pris en charge aux urgences, je n'ai plus pu l'accompagner et je suis restée trois heures sans nouvelles. Au bout de trois heures, j'ai enfin pu le voir. Il a fait un choc anaphylactique assez sérieux. Ils l'ont encore gardé encore trois heures de plus pour vérifier s'il ne faisait pas d'effet rebond, puis il a pu rentrer à la maison. 

    Nos enfants ont été magnifiques pendant ces heures difficiles, et mes soeurs m'ont également soutenue à distance. Cela m'a fait beaucoup de bien de communiquer avec les uns et les autres pendant que j'étais dans le flou absolu.

    Tout s'est bien terminé mais j'avoue que cette fois, j'ai eu peur. Oh pas longtemps, le temps de l'attente des secours; après, je le savais en de bonnes mains. Mais les quelques minutes d'éternité m'ont rappelé que nous n'étions hélas pas éternels.

    Le lendemain, il a voulu prendre la route et aujourd'hui nous voilà à Venise à nouveau. Plaisir inégalé. 

     

  • La farfadette a trois ans

     

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    Crédit photo: Cécile

     

    Cette petite bouille d'amour aux yeux ensorcelants peut se transformer en véritable boule colérique inconsolable. Il suffit de trois fois rien. Une chaussette à la couture inconfortable, un biscuit plus petit que les autres, une peluche de persil sur la purée ou un peu de pâte à modeler qui colle au doigt. La moindre contrariété la transforme en dragon. Elle aime les princesses autant que les sorcières ou les méchants. Elle vénère les Maléfique, Jafar, sorcières et autres dragons que tous les autres enfants craignent les deux mains sur les yeux. Mais elle ressemble à une poupée. Elle est une merveille déconcertante….

    Aujourd'hui elle a trois ans. Sa maman lui a dit qu'il y aurait des cadeaux. Elle répond "Non, des gâteaux". "Oui mais aussi des cadeaux". "Oui mais aussi un gâteau". Elle a un palais en forme de sucre d'orge. 

    Et elle a eu des gâteaux et des cadeaux. Et surtout ses cousins venus la fêter. Ses yeux ont brillé toute la journée. Mais ils ont pétillé encore un peu plus fort quand Sam Sam est arrivé et qu'il lui a dit "Bonjour Lémoni" avec tout son charme de crooner. Et quand tout le monde a chanté "Joyeux anniversaire Lémoni", Sam Sam a dit "On a oublié Hip Hip Hip Hourra !". 

    Je crois bien que pour la première fois, elle a réalisé qu'elle était la reine de la fête. Et que rien ne pouvait la rendre plus heureuse.

  • Première semaine d’octobre

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    Samedi: Ça y est, c'est la quinzaine du proche-aidant. Pour la quatrième année consécutive, nous sommes en charge de ma belle-mère pendant les vacances de ma belle-soeur. Cette année, à mon grand soulagement, nous ne devons plus assurer la nuit. On y va donc à chaque repas. Cela reste un peu contraignant mais beaucoup moins malgré tout. L'Homme assure les petits déjeuners, les déjeuners en semaine et nous y allons ensemble pour le repas du soir. C'est la seule senior que je connaisse qui progresse au lieu de décliner. Elle a de nouveaux appareils auditifs et entend à nouveau ("Ce lave-vaisselle fait beaucoup de bruit !", "je suis obligée de fermer la fenêtre, les voitures m'empêchent d'entendre la télévision"). Elle a fait le Covid mais c'est un petit refroidissement de rien du tout ! Elle n'a plus un poil sur le caillou mais par contre, il ne manque pas le moindre neurone. Elle est assez impressionnante !

    J'ai aussi trouvé le temps d'aller vite à la recherche d'un manteau noir. J'ai donc acheté un manteau jaune.

    Dimanche: Entre deux allers-retours, on a terminé de monter l'armoire dans une chambre et on va maintenant pouvoir s'éclater à y ranger un maximum de trucs. J'attends ça depuis des lunes. Entre deux autres allers-retours, on a vite fait quelques courses. 

    Lundi: Journée au bureau pour accueillir une petite nouvelle. Sans doute la dernière que j'accueillerai dans ma vie professionnelle. Sur le moment, je n'y ai pas trop pensé, j'étais encore en mode "vendeur". J'ai vanté la magnifique équipe qu'elle rejoignait, moi compris. Sans m'en rendre compte, je me suis comportée comme si on était parties pour travailler ensemble pendant quelques années. Ce n'est que maintenant que je me dis que c'était effectivement probablement la dernière. 

    Mardi: Journée vaccin. Quatrième dose. On ne se pose pas de question, on y va. Il faisait beau, on a marché. Ce serait mieux d'aller se balader en forêt mais faute de mieux, on s'est promenés jusqu'au dispensaire. 

    Mercredi: Le mercredi soir, c'est le moment Maman. On se retrouve Sis'Cile et moi chez elle pour l'aider, principalement dans son administration et sa gestion bancaire autour d'une tasse de thé et de petits gâteaux. Je suis contente de lui annoncer que j'ai résolu une question administrative un peu épineuse et surtout très coûteuse et je m'attends à ce qu'elle exprime une vraie satisfaction voire un peu de joie festive. Mais non, elle est tellement persuadée d'être dans son bon droit qu'elle l'exprime haut et fort. Sans se rendre compte que parfois, on a beau l'être, se battre comme une administration, cela relève d'une confrontation entre le pot de terre contre le pot de fer. Du coup, je suis frustrée et je marmonne dans ma barbichette. 

    Jeudi: Théâtre ce soir avec Joséphine. Il y avait très longtemps. ADN, une pièce qui aborde la problématique des enfants conçus par procréation médicalement assistée et don de sperme inconnu. Surtout ceux qui n'apprennent qu'assez tard que leur père officiel n'est pas leur père biologique. La question est abordée sous tous les angles et avec beaucoup d'humour. C'était drôle, bien ficelé et nous avons passé un très bon moment.

    Vendredi: Je suis un peu dépassée par les événements. Je pensais tirer ma révérence en douceur et préparer ma sortie à mon aise mais encore une fois, les choses ne se passent pas comme je l'aurais rêvé. Ma collègue directe est en longue maladie, mon chef part en vacances trois semaines et une autre collègue nous quitte de manière impromptue. Ma charge de travail est doublée voire triplée et je me noie. Et je voudrais m'enfuir comme à chaque fois. Mais comme à chaque fois, je fais le vaillant petit soldat et je reste sur le pont. Je pourrais invoquer mon doigt cassé qui gonfle de trop s'agiter sur le clavier et ce serait rigoureusement vrai. Le médecin me l'a proposé et l'Homme me le serine à longueur de journée. Mais le sens du devoir me colle à la peau comme une vieille loque. C'est plus fort que moi. 

  • Newton, Ciara et Dennis

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    Maïtre Newton sous un arbre couché reçut sur sa trogne une pomme. Sous le choc, le physicien ne se sent plus de joie, il vient de découvrir la gravité. 

    Quelle eût été la découverte de ce grand monsieur si en lieu et place d'une pomme, il se serait pris tout le pommier sur la poire ?

    En ces temps de tempêtes aux noms britanniques, le vent a terrassé le magnifique petit pommier du jardin de mon papa. J'ai posté ici et ici et encore ici des photos de ses petites rainettes étoilées si photogéniques au soleil bas de l'automne, c'est dire que je l'adorais. Ces petites pommes d'amour donnaient dans les mains de ma maman une gelée de pommes d'un rose incomparable. 

    Après les sapins malades qu'il a fallu abattre les uns après les autres, le pommier terrassé et le noyer malade qu'il faudra se résigner à faire tomber également, j'ai mal au jardin. Il va falloir le réinventer mais pour l'heure, le coeur est gros.

     

     

     

  • Chaud froid

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    Vendredi: Quelle journée intense ! Petit Jules est donc arrivé au pas de course, Maïté a passé un entretien le matin et apprenait l'après-midi qu'elle avait le poste, Quentin se voyait proposer un remplacement de prof jusqu'à la fin de l'année. Toutes ces nouvelles en quelques heures. A quatre heures, j'ai pu partir pour me précipiter avec l'Homme et le reste de la tribu à la maternité. Tout le bonheur du monde s'est voilé en un instant quand j'ai rencontré F. dans le hall de l'hôpital, venue rendre visite à son Homme dont elle m'apprend qu'il est atteint de la maladie de Creutzfeld-Jakob et qu'il n'en a plus que pour quelques mois. Je suis là, face à elle, avec tout mon bonheur qui déborde de partout et dont je ne sais plus que faire. Je ne sais comment lui donner un peu de réconfort, là debout dans le couloir, et je m'enfuis comme on s'envole vers Anaïs et Jules.

    Samedi: JD est parti pour le weekend à Carcassonne. Maïté n'aime pas passer le weekend seule et nous l'accueillons elle et Sappho en ne cachant même pas notre joie. Elle étrenne la chaise haute, copie conforme de celle de sa maman, trouvée sur une brocante (la chaise, pas la maman) avec contentement; cette petite poupée n'est qu'un sourire sur pattes. L'après-midi, elle rend visite à l'une de ses arrière-grand-mères pendant que je passe un peu de temps avec l'autre pour régler cette satanée paperasserie qui semble s'auto-alimenter. Puis on file revoir Jules à la maternité. Le soir, dîner chez C et M, en l'honneur de mon anniversaire, magnifique boeuf Wellington concocté par M, un pur British délice.  Pendant ce temps, Maïté essaye d'endormir la princesse sans la choupette, oubliée dans la voiture. Difficile entreprise. C'est bien la choupette, mais quand on la perd, c'est galère.

    Dimanche: Toujours en compagnie des deux princesses, on passe une bonne partie du dimanche à démonter le sapin de Noël. A chaque fois, ça nous prend deux à trois bonnes heures. C'est toujours avec un petit pincement au coeur qu'on met fin à la magie de Noël, même si on l'a gardée tout le mois de janvier.  

    Lundi: Jules rentre à la maison et la vie à trois peut commencer. 

    Mardi: Rendez-vous à la banque avec Sis'Cile et Mamy pour clôturer la succession de Papy. En soi, c'est une bonne chose que Mamy puisse récupérer enfin l'accès à ses liquidités. Mais je ne m'attendais pas – et visiblement Sis'Cile non plus – à ce que soit si pénible. Oh, pas sur le moment. Pas question de se laisser aller devant l'employé de banque en charge des successions. Mais une fois l'affaire bouclée, chacune repartie de son côté, je sens une grosse boule me monter à la gorge et je laisse les larmes couler – par ce froid de canard, gare aux stalactites – . Ce compte en banque n'est pas un bête compte en banque. Je connais son numéro par coeur, c'est la banque où il a travaillé pendant toute sa vie professionnelle, c'est la banque où j'ai travaillé pendant six ans, lointaine collègue de mon papa. Ce compte en banque est encore un pan de sa vie qu'on clôture.  

     Mercredi: Comme souvent le mercredi, je quitte le bureau à midi pour aller rendre visite à Mamy L. Pas de bol, en chemin, je me rends compte que j'ai oublié les clés de sa maison. Qu'à cela ne tienne, je ne suis plus qu'à quelques arrêts de tram de petit Jules. J'appelle Anaïs qui m'attend avec plaisir. Je profite de quelques instants avec le petit marmot (masculin de ….), qui a les yeux grand ouverts et qu'on me laisse changer pour la première fois. On pourra dire que l'oubli de clés est un acte manqué mais non, ce ne l'était même pas.

    Jeudi: Rendez-vous chez le médecin qui m'écoute toujours longuement. On fait le point, le bilan sur la fatigue. Il me dit que la dernière fois, il avait noté dans mon dossier que j'étais une sacrée ficelle. Une quoi ? Une sacrée ficelle. Je ne comprends toujours pas. Il voulait dire une "sacrificielle". Qui veut tout faire pour tout le monde, se sacrifie et s'épuise. Au sortir de la consultation, je suis allée consulter Wiki-je-sais-tout. Je ne suis pas une sacrificielle pur jus, du type qui ne vit que par le sacrifice et le fait bien savoir. D'accord, j'en fais peut-être un peu trop mais ni pour me faire aimer (je le suis déjà bien assez) ni pour être reconnue. Il m'a presque vexée, tiens !

     

     

  • A rebrousse-poil

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    Premier jour de boulot. Reprise en douceur. J'ai décidé de ne pas aller sur place ce matin mais de travailler à distance. Cela m'a déjà permis d'éviter toutes les étreintes inutiles de gens que je n'ai pas nécessairement envie d'étreindre.Ceci dit, je n'y échapperai sans doute pas demain. En une matinée j'ai donc pu faire ce que j'aurais fait en une journée sur place. 

    L'après-midi, scintigraphie de contrôle six mois après l'embolie et visite chez la pneumologue. Bon bulletin. Toute trace d'embol a disparu et on peut arrêter la prise d'anti-coagulants. 

    La question maintenant serait de savoir si je peux reprendre un traitement hormonal de substitution sans risque ou pas. Parce que l'air de rien, en six mois de temps, j'ai développé toute une série de caractéristiques masculines auxquelles je ne m'attendais pas. Il parait que ça touche un certain nombre de ménopausées. Le poil se raréfie sur le haut du caillou, par contre il se multiplie non seulement au menton, poil au bonbon, mais aussi en duvet plus dense sur les joues. Alors là, ça commence à me courir sur le haricot. Je coupe peut-être les cheveux en quatre mais j'aurai préféré avoir un poil dans la main, ça m'aurait un peu relaxée au niveau boulot. Mais non, il a fallu que ce soit bien masculin comme symptôme. Bientôt je pourrai faire pipi debout si ça continue…..

    Vous comprendrez que cela me rend vraiment de mauvais poil et que je me fais vraiment des cheveux blancs sur cette affaire. 

    L'Homme et les enfants disent que j'exagère, que c'est seulement le cheveu qui devient plus fin et que je n'ai pas plus de duvet qu'avant et que je fantasme mais je suis sûre d'une chose, je ne suis pas myope. 

    Bon, allez, on va dire que je suis vraiment ravie de m'en sortir à si bon compte…..

     

  • En panne

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    Je me retrouve en panne d'écriture. Je ne sais trop pourquoi. Il y a des choses que j'aurais voulu écrire mais que je ne pouvais pas et ne peux pas encore écrire par respect pour d'autres que moi, il y a d'autres choses que je ne voulais pas écrire ici et il y a eu pendant des semaines d'autres choses à écrire pour le bureau qui m'ont prise toute la tête. Enfin bref, le blog s'est endormi, il a en quelque sorte hiberné. Merci à celles qui se sont inquiétées. Et désolée de ne même pas avoir répondu, j'étais totalement déconnectée de cette sphère. 

    Mais le souffle va revenir…..

    Entretemps l'année se termine assez péniblement, encore d'autres départs, d'autres attentats, d'autres douleurs, d'autres maux. Mais toujours la petite flamme il faut garder. Parce que seule la petite flamme permet de garder le cap et de tenir debout.

     

     

  • Deux semaines noires

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    Que dire de ces deux semaines de cauchemar ?

    • J'ai pu expérimenter à quel point la presse peut parfois dire tout et ni'mporte quoi. Patricia a été déclarée morte bien avant qu'elle ne soit formellement identifiée et que sa famille n'en soit informée. A tel point que l'Agence à Turin a annoncé son décès à tous ses employés avant l'heure. La Gazetta di Parma a claironné qu'elle adorait Parme et qu'elle s'y était immédiatement sentie chez elle. Dans la réalité, Patricia détestait Parme et rêvait de rentrer en Belgique.
    • J'ai compris pourquoi on traîne tant à annoncer le décès des malheureux explosés sous prétexte que les corps ne sont pas identifiés. Ce n'est pas tant l'identification qui pose problème mais bien la reconstruction d'un corps en puzzle qui soit plus "présentable" à la famille.
    • Il n'y a rien de pire pourtant que cette attente et cette angoisse de l'attente. On oscille entre espoir fou, incrédulité, déni et désespoir. Que dire de ceux qui ne retrouvent jamais leurs disparus.
    • Je n'ai jamais autant embrassé et étreint de collègues proches et beaucoup moins proches qu'au cours de ces deux semaines.
    • J'aurais tellement voulu disparaître et me terrer dans un trou de souris et ne pas devoir m'occuper du livre de condoléances, de l'installation d'un petit "autel" à sa mémoire, de la commande du minibus pour emmener les collègues à l'enterrement, de la commande des couronnes de fleurs, des communications au personnel sur les événements.
    • Je n'aurais jamais dû accepter d'écrire un discours en hommage à Patricia au cours de la cérémonie d'adieu. J'ai mal vécu la censure du papa qui refusait toute allusion prétendûment négative à sa fille. Nos "21 ans de fous rires, de disputes, d'agacement mutuel, de tendresse, de confidences, de soutien l'une de l'autre, enfin d'amitié, quoi" sont devenus "21 ans de fous rires, de taquineries mutuelles, de tendresse, de confidences, de soutien l'une de l'autre, enfin d'amitié, quoi". Ce que j'ai refusé d'entériner.
    • Je regrette infiniment que notre histoire se soit effectivement terminée sur un agacement mutuel, précisément sur une question d'intolérance vis-à-vis d'une population déjà stigmatisée – cruelle ironie du sort -. On ne pourra jamais rattraper ce moment-là.
    • J'ai une rage indicible vis-à-vis de deux collègues qui ont eu l'indécence crasse de me demander de ne pas oublier leur dossier ou leur question sur le parvis de l'église à la sortie de la cérémonie.
    • Je suis épuisée. Et ce n'est absolument pas le moment de faire une pause et de prendre du recul. Je vais encore passer à côté du printemps…..