Je continue à vivre comme si j'étais éternelle. Une partie de ma tête sait pertinemment bien que ce n'est pas le cas mais une autre partie, plus irrationnelle n'intègre pas du tout cette dimension.
J'ai largement dépassé la moitié de l'espérance de vie actuelle dans nos pays mais tout dans mon comportement incite à croire que je n'en suis qu'au début.
Je sais bien aujourd'hui que je ne pourrai plus matériellement visiter tous les pays mais je fais comme si j'avais devant moi tout le temps de faire le tour du monde.
Je vois bien que je ne suis plus dans une forme olympique, même si je n'ai vraiment pas à me plaindre de ma condition physique mais j'agis comme si je pouvais encore tout me permettre; je peux même croire qu'en y mettant un peu d'effort, je pourrai bientôt retrouver une souplesse type grand écart que je n'ai quasi jamais eue; je suis sûre que je pourrais encore apprendre à monter à cheval, skier comme Tomba la bomba ou nager comme une sirène.
Je suis persuadée que je peux encore apprendre au moins dix langues.
Je sais que je ne lirai pas tout ce que la littérature a de meilleur et pourtant je crois que je vais dévorer encore et toujours plus de bouquins.
Je n'intègre pas cette fin inéluctable. Et pourtant l'année qui vient de s'écouler s'est bien chargée de me rappeler que nous ne resterons pas indéfiniment sur cette terre.
Mais rien n'y fait, je me sens partie pour rester.*
* Celle-là, je l'ai empruntée à Cabrel….

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